Postulat

Notre espace public reflète l’image de la société qui le crée. Chaque individu y est en effet confronté, qu’elle ou il le veuille où non, et c’est dans cet espace public que se font la plupart des interactions sociales. Son organisation, de même que les images qu’il renvoie, ont donc une importance particulière dans la mesure où elles nous sont inévitablement imposées. Dans un mouvement inverse, ces images forgent, consciemment ou, surtout, inconsciemment, notre compréhension de l’espace qui nous entoure et donc de notre société.
En l’état, il semble clair que cet espace public est créé par les hommes et pour les hommes… et plus précisément les hommes d’un autre temps. Priorité absolue aux voitures, largeur des trottoirs, mise en avant des infrastructures dites « masculines » ou à utilisation majoritairement masculine, nomenclature des rues, omniprésence des sports masculins, manque de prise de conscience des problématiques telles que le harcèlement de rue dans la réflexion urbanistique, jusqu’aux images sur les panneaux de signalisation (sans parler de la publicité – bien entendu), tout dans l’environnement citadin qui nous est imposé met les hommes en avant et les femmes en retrait (l’effet est donc doublement «efficace»).
Sur ce dernier point, nos collègues Genevois-es ont su trouver une réponse adéquate pour rétablir une forme de parité à moindre coût mais à haute valeur symbolique : celle de remplacer une partie des jeunes hommes figurant sur les panneaux de signalisation pour piéton par une femme, un couple de femmes, une femme enceinte ou une personnage âgée, toutes avec des silhouettes différentes.
En effet, la société n’est pas faite que de jeunes hommes avançant de manière déterminée sur un passage piéton, et notre signalisation doit en montrer sa diversité. On peut aussi imaginer d’autres panneaux de signalisation qui pourraient être rendus plus égalitaires (comme les zones de rencontre) et d’autres profiles sociaux tels que des enfants, un homme et un enfant, une famille, un couple d’hommes ou une personne à mobilité réduite, parce que tout le monde emprunte nos passages pour piéton-ne-s ou nos rues et il n’y a pas de raisons que l’image renvoyée soit uniquement celle d’un jeune homme avançant sans peine, seul, regardant droit devant lui. Une telle modification serait en plus vraisemblablement assez facile à mettre en place, soit en en apposant, par exemple, des autocollants avec les nouveaux motifs sur les panneaux existants lorsque c’est possible, ou en les remplaçant lorsqu’un autocollant ne suffirait pas ou ne serait pas conforme.
Par ce postulat, nous demandons donc à la Municipalité d’étudier l’opportunité de rendre ses panneaux de signalisation plus égalitaires afin de refléter la diversité des personnes dans la société.
Xavier Company