Intervention

La coopération internationale est la 2ème meilleure option de soutien des populations démunies du Sud et de l’Est, à défaut de disposer d’un système commercial international qui soit véritablement équitable. Avec la pandémie du Covid-19, les inégalités ont encore augmenté dans le monde et au sein de nombreuses sociétés et, au rythme actuel, il sera très difficile d’atteindre les Objectifs de développement durable des Nations unies jusqu’en 2030. Il est donc plus que jamais nécessaire que les pays industrialisés du Nord se montrent solidaires, et nous sommes encore loin des 0.7% du PNB d’aide publique au développement promis depuis des décennies. En Suisse, la coopération internationale est principalement assurée par la Direction de la coopération et du développement et le Secrétariat d’Etat à l’économie, mais les cantons et les communes ont également un rôle important à jouer et des responsabilités en la matière. Chaque contribution compte !

J’ai déposé mon postulat en 2018 sur le constat que la contribution lausannoise par habitant à la solidarité internationale n’a cessé de baisser ces douze dernières années, que le sujet ne semblait sincèrement pas intéresser grand-monde au niveau politique local, et que les axes stratégiques de la politique lausannoise n’étaient pas clairs ou en tout cas mal communiqués.

Dans mon postulat, j’ai demandé les trois choses suivantes :

  1. Etablir un bilan de la politique lausannoise en faveur de la solidarité internationale depuis 2006 (année de lancement de la politique)

  2. Définir de nouveaux objectifs stratégiques et priorités pour les dix prochaines années

  3. Augmenter le budget pour la coopération internationale

Je remercie la Municipalité pour son préavis et les nombreuses informations supplémentaires que nous avons pu obtenir par écrit ou lors de la séance de commission. Le bilan des nombreuses activités de ces 15 dernières années est intéressant. On comprend mieux l’ampleur et le type de projets soutenus, notamment à travers le « Fonds de solidarité internationale », le fonds « Solidarité internationale eau » ou encore le FDD. Il est par contre plus difficile de trouver une priorisation thématique ou géographique claire, donc un fil rouge en quelque sorte.

Revenons aux aspects financiers. Je suis très satisfait que la Municipalité – et in fine le Conseil communal en décembre passé avec le Budget 2021 de la Ville – ait augmenté le budget du « Fonds de solidarité internationale » de 125’000 francs pérennes, suite au dépôt de mon postulat. Mais il faut tout de même noter qu’avec un budget total cumulé pour la solidarité internationale de désormais environ 600’000 à 700’000 CHF par an, nous restons aujourd’hui bien en deçà de ce que met par exemple la Ville de Zurich. Celle-ci dispose en effet d’un budget de plus de 8 millions de francs par année, donc environ 15 fois plus que Lausanne en chiffres absolus, ou 5 fois plus par habitant.

La nouvelle stratégie de la Ville de Lausanne focalise sur des projets dans des aires urbaines et favorise des collaborations avec les villes partenaires. Elle se base sur quatre axes thématiques (changements climatiques, sport et inclusion sociale, biens culturels et eau) et priorise ainsi des domaines politiques dans lesquelles la Ville est active chez nous aussi. Cette orientation générale est à saluer. Il est important de faire des choix et surtout de prioriser dans certains domaines plutôt que d’autres afin de déployer plus d’effets sur le terrain, mais aussi de rendre plus lisible l’engagement lausannois dans le domaine de la coopération internationale.

Au-delà des choix thématiques, il me semble particulièrement important que la ville travaille étroitement avec des partenaires externes spécialisés – que ce soit la FEDEVACO ou d’autres organisations – afin de pouvoir s’appuyer sur leur expérience technique concrète, leurs réseaux ainsi que celles de leurs partenaires locaux sur le terrain.

Si je comprends bien que la Ville souhaite aussi pouvoir soutenir directement certains projets plus modestes en lien avec les activités de certains de ses services, aussi par rapport à des opportunités qui se présentent ou des crises humanitaires, j’ai tout de même quelques doutes sur ces projets directement soutenus par la ville. Les ressources humaines et les compétences techniques de certains services sont-ils vraiment suffisants non seulement pour évaluer les demandes de soutien de façon experte, mais aussi pour évaluer et suivre de façon sérieuse les projets et les résultats obtenus sur le terrain ? A titre personnel, je souhaiterais que les partenariats avec des acteurs institutionnels expérimentés dans le domaine de la coopération internationale soient renforcés, au détriment des projets soutenus directement.

En conclusion, je tiens encore une fois à remercier la Ville de Lausanne pour son engagement en faveur de la coopération internationale. Le groupe des Vert-e-s soutiendra à l’unanimité les deux conclusions, dont la première a d’ailleurs déjà été validée par le Conseil communal dans le cadre de son vote sur le Budget 2021.