© Photo de Claudio Schwarz

En Espagne, le gouvernement a lancé en 2021 un projet-pilote avec 200 entreprises pour passer d’une semaine de 5 à 4 jours. Au Royaume-Uni ce sont 70 entreprises qui ont fait le test de juin à décembre 2022. L’Islande, plus avancée dans les démarches, a quant à elle pu mener cette expérience entre 2015 et 2019 avec le 1% de sa population, l’idée étant dans tous ces pays de travailler moins longtemps, pour le même salaire.

Les résultats semblent convaincants : en Islande les normes de productivité et de performance ont été maintenues tandis que le bien-être des employé·e·s s’est amélioré.

En Suisse, le parlement de la ville de Zürich a accepté mars 2023 un projet pilote de réduction du temps de travail pour une partie de sa fonction publique, constatant le surmenage du secteur des soins, de la voirie ou encore de son personnel de police. Enfin, l’entreprise vaudoise Assymba propose la semaine à 4 jours depuis 1 an et demi à ses employé·e·s. Il en ressort un « temps libre précieux pour les collaborateurices, poussant à une meilleure cohésion d’équipe ».

Les exemples fleurissent donc à travers les régions et les arguments en faveur d’une réduction généralisée du temps de travail sont également multiples. Il s’agit pour faire simple de travailler moins pour vivre mieux, tout en produisant autant.

Concernant les arguments en faveur de la démarche, la réduction du temps de travail permettrait, en libérant les personnes du temps plein, un développement massif du travail civique en faveur de la transition écologique. Elle encouragerait ainsi les individus à davantage s’engager dans des associations, partis et organisations, permettant la valorisation de liens interpersonnels forts.

De plus, en permettant une organisation plus souple du tandem vie professionnelle-vie privée, les études tendent à montrer qu’une diminution du temps consacré aux activités salariales aurait un effet sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (une étude suédoise indique qu’une diminution du temps de travail de 1 % peut réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre d’environ 0,7 % et 0,8 %).

Au-delà de l’aspect écologique de la mesure, des spécialistes du travail évoquent la réduction du temps de travail comme un moyen de revalorisation du travail domestique et du travail du care plus généralement, majoritairement assuré dans nos sociétés par les femmes. En imposant un temps partiel actuellement privilégié par les femmes à tous les employé·e·s dont la fonction ne nécessite pas nécessairement une présence de cinq jours par semaine, cela assurerait une reconnaissance de la valeur de ce travail gratuit. La mesure serait également incitative pour les ménages : il s’agit de mieux répartir les tâches liées au foyer et aux enfants.

Avoir ainsi plus de temps à accorder à la famille serait l’opportunité d’une plus forte valorisation des liens familiaux et d’une potentielle réduction du besoin de places en crèche, utile à la pénurie actuelle.

Une meilleure santé, un moyen de pallier les stress psychologiques liés au travail sont tant d’autres arguments avancés pour enfin sauter le pas vers une semaine de 4 jours. En effet, le projet pilote réalisé au Royaume-Uni a été mené sur 3’300 employés dans différents secteurs tels que les banques, le marketing, les services financiers mais également les soins ou l’hôtellerie. Les conclusions démontrent que 92% des entreprises ont convenu vouloir maintenir le dispositif une fois le projet pilote terminé. Cette étude ainsi que celle effectuée en Islande ont également révélé que les revenus des entreprises sont restés globalement les mêmes ou ont augmenté au cours de ce projet. En effet, les résultats démontrent que la productivité des employés est augmentée, car le surmenage est un facteur de la baisse de la productivité et du bien-être, même lorsque le travail est fait à la maison. La semaine de travail de 4 jours peut ainsi également être une piste pour diminuer le burn-out professionnel, car elle permet une meilleure balance entre la vie professionnelle et la vie privée.

En raison des nombreux bénéfices cités, le présent postulat invite ainsi la Municipalité à étudier l’opportunité de :

1)    Conduire un projet pilote d’une « semaine de 4 jours » auprès de son personnel (en variant un maximum les corps de métiers travaillant pour la Ville de Lausanne impliqués)

2)    Étudier précisément les effets découlant de la mesure (état de santé du personnel ; impact environnemental ; bien-être au travail et satisfaction des employé·e·s ; modification de leur comportement en dehors des heures de travail ; coût de la mesure ; productivité des employé·e·s, etc.) et en dresser un bilan.

3)    Étudier toute autre forme de réduction du temps de travail, en fonction des besoins des collaborateurices (p.ex. travailler 2H de moins par jour au lieu d’un jour de moins dans la semaine)