Interpellation 

Le
tri des déchets verts a longtemps perturbé passablement de
lausannoises et de lausannois quant aux produits pouvant y être mis.
Sacs compostables, restes de repas, coquilles d’œuf, bouchons de
chasselas : il n’était pas toujours clair de savoir ce qui
pouvait y terminer sa vie.

Les
Verts ont salué avec entrain le changement de pratique décidé par
la Municipalité depuis le 1er janvier 2018 et le choix
d’une filière de biométhanisation pour la valorisation des
déchets verts. Cette solution – également l’une des
conséquences de la disparition de la compostière lausannoise – a
grandement facilité l’identification des déchets verts, qui
peuvent aujourd’hui accueillir justement restes de repas et sacs
compostables respectant la norme EN 13432.

Cette
facilitation du tri a non seulement profité aux habitantes et
habitants lausannois, mais aussi aux restaurateurs et autres grands
producteurs de biodéchets, dont les grandes surfaces. Là également,
ils peuvent « réduire » en biodéchets une grande partie
de produits qui étaient auparavant destinés à être brûlés.

Il
est essentiel maintenant que cette nouvelle pratique soit évaluée
par la Municipalité, notamment en ce qui concerne la qualité des
biodéchets et la présence possible de plastiques. En effet,
quasiment tous biodéchets terminent leur vie en compost et autres
engrais, ceci y compris après un processus de méthanisation. Dès
lors, le problème des plastiques se trouvant dans ces déchets
demeure central – tant ce type de pollution peut présenter des
risques essentiels pour la santé de toutes et tous. Ces risques sont
d’autant plus marqués lorsque les déchets plastiques sont réduits
à de petites particules, voire des microplastiques.

Dans
un article paru en juin 2018, le Spiegel s’était inquiété du
problème causé par ces plastiques présents dans le compost (y
compris, et notamment, suite au processus de biométhanisation) sur
la santé des allemandes et allemands1.
Il apparaissait en particulier que les supermarchés envoyaient dans
les déchets verts le reste de leurs déchets verts et carnés encore
emballés. Ces déchets sont plus précisément broyés avec leurs
emballages plastiques et le résultat de cette opération envoyé au
compost – polluant par-là les sols, cours d’eau et nappes
phréatiques.

De
façon moins grave que le processus décrit ci-dessus, il apparaît
également que les étiquettes en plastique apposées sur les fruits
et légumes engendrent tout de même une pollution importante des
déchets verts par leur présence dans les résidus utilisés comme
compost. Là également, la responsabilité des supermarchés et
autres grandes surfaces se pose quant à la pollution engendrée et
les risques causés à la santé de tout un chacun.

Enfin, l’on peut rappeler ici encore le problème maintes fois évoqué dans ce Conseil des erreurs faites par les particuliers lorsqu’ils utilisent des sacs non compostables pour leurs déchets verts, ou jettent carrément des déchets non compostables avec les déchets verts. Ce problème semblait en forte diminution selon la réponse qui a été donnée en 2016 par la Municipalité à un postulat2, mais n’apparaît pas réglé à ce jour.

Ces
problèmes viennent s’ajouter à d’autres thématiques liées aux
déchets verts qui font l’objet d’un postulat (« pour une
production de biogaz lausannois ») et d’un projet de
règlement lié à la distribution de sacs plastiques dans le cadre
de marchés lausannois, tous deux déposés par le Groupe des Verts.

Dans
ce contexte, les interpellateurs posent à la Municipalité les
questions suivantes :

  • Quel bilan la Municipalité tire-t-elle du changement de pratique
    opéré avec effet au 1er janvier 2018 concernant les
    déchets verts, au regard du processus de biométhanisation choisi ?
  • La Municipalité constate-t-elle en particulier une présence accrue
    de déchets ne devant se retrouver dans le compost, en particulier
    des plastiques (sacs, emballages, etc.) ?
  • La Municipalité procède-t-elle à un contrôle des déchets verts
    produits par les grandes surfaces et supermarchés, notamment afin
    d’y détecter cas échéant la présence d’emballages et
    d’étiquettes en plastique ? Plus généralement, la
    Municipalité a-t-elle constaté – ou a-t-elle des motifs de
    craindre l’existence – d’une pratique consistant, pour les
    grandes surfaces et supermarchés, à broyer les déchets verts avec
    leurs emballages ?
  • Quelles mesures la Municipalité a-t-elle déjà prises pour lutter
    contre la présence de déchets non-compostables émanant de
    particuliers, notamment depuis le changement de pratique opéré au
    1er janvier 2018 ?
  • La Municipalité entend-elle mettre en œuvre des moyens (y compris
    sous l’angle de sanctions) afin de limiter les plastiques se
    trouvant dans les déchets verts, notamment issus des :

    • emballages et suremballages produits par les grandes surfaces et
      supermarchés ;
    • sacs non compostables et autres déchets jetés par des
      particuliers ;
    • étiquettes en plastique apposées sur les fruits et légumes.

Nous
remercions la Municipalité pour ses réponses.

David Raedler

1 Wie der Plastikabfall in die Natur kommt, Der Spiegel, 1er juin 2018.

2 Postulat déposé le 9.9.2014. Réponse donnée dans le Rapport-préavis N° 2016/04 – TRX – Réponse au postulat de M. Rossi Vincent – Déchets compostables : sortir du bourbier. 28.1.2016.