Postulat

L’impact négatif des produits dérivés du tabac sur la santé n’est plus à démontrer. Ce qui est moins connu et perçu, en revanche est leur impact sur l’environnement. Un mégot jeté par terre, par la vitre de sa voiture ou souvent directement dans une grille d’égouts est un geste commun. En effet, les mégots de cigarettes sont les déchets les plus souvent jetés dans le monde : un tiers à deux tiers des restes de cigarettes est jeté dans l’environnement ou dans les grilles d’égouts¹ . Le taux de littering en général est aux alentours de 17% alors que pour les cigarettes il se monte à 65%.
Or, ce geste qui semble anodin a des conséquences très graves pour l’environnement. En effet, une grande partie des mégots finissent dans les cours d’eau et les polluent. On oublie souvent que les grilles d’égouts conduisent très souvent directement dans les eaux de surface. De plus les mégots jetés dans la nature peuvent causer des incendies, au niveau mondial ce sont 17’000 personnes qui meurent chaque année à cause de feux causés par des mégots, correspondant à un coût de plus de 27 milliards de USD². On peut supposer que c’est souvent la méconnaissance des conséquences de leur rejets de la part des fumeurs qui fait que les mégots sont jetés partout.
La composition d’un mégot est loin d’être anodine ni biodégradable: cellulose, acétate, glycérine, goudron, nicotine… qui ne sont pas biodégradables…. D’autant qu’il met entre trois mois et dix ans, selon les cas, pour se décomposer. Hautement nocif pour l’eau, les restes de cigarettes contiennent jusqu’à 7’000 produits chimiques différents, dont certains comme l’ ethyl phenol, des métaux lourds ou la nicotine sont toxiques. Certaines de ces substances sont connues comme des cancérigènes pour l’homme et d’autres nocives pour les organismes marins et d’eau douce.³
Par ce postulat, les postulants demandent à la municipalité d’étudier la faisabilité de mettre en place une grande campagne de sensibilisation contre le littering lié aux mégots de cigarettes et de viser une ville sans mégots.
Cette campagne devrait être co-financée par les grands cigarettiers qui ont par ailleurs leur siège à Lausanne. En effet, au même titre que d’autres produits dont les industriels ont la responsabilité après la consommation (peinture, contenants de pesticides, produits pharmaceutiques, …) les cigarettiers ont une responsabilité pour empêcher la pollution que les résidus des cigarettes engendrent.4
La Ville pourrait également prendre un partenariat avec des ONG comme Summit Foundation pour la mise en place de cette sensibilisation.
Une des actions pourrait aussi d’être d’organiser des journées de collectes de mégots à des endroits stratégiques de la Ville : plage, place, rue piétonne pour montrer l’impact en m3 par exemple.
Sara Gnoni
1 Schultz PW, Bator RJ, Large LB, et al. Littering in context: personal and environmental predictors of littering behavior. Environ Behavior 2013;45:35–59.
2 Leistikow BN, Martin DC, Milano CF. “Fire Injuries, Disasters, and Costs from Cigarettes and Cigarette Lights: A Global Overview.” Preventive Medicine 2000; 31: 91. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10938207 . Accessed June 2010. The Tobacco Atlas (1 st Edition). “Cost of fires caused by smoking.” p.41. www.who.int/tobacco/en/atlas13.pdf . Accessed May 2010.
14 The Tobacco Atlas (3 rd Edition). “Cost of fires caused by smoking, selected countries.” p. 42. www.tobaccoatlas.org/downloads/maps/Chap11_EconomicCosts.pdf . Accessed May 2010.
3 Tobacco industry responsibility for butts: a Model Tobacco Waste Act, C. Curtis et al, Mars 2016
4 Tobacco industry responsibility for butts: a Model Tobacco Waste Act, C. Curtis et al, Mars 2016