Postulat
La fumée passive revient à respirer, sans le vouloir, les mêmes substances toxiques que celles inhalées, volontairement dans leur cas, par les fumeurs. Comme le montre le Monitorage suisse des addictions, la fumée du tabac est toujours mauvaise pour la santé, en particulier pour les enfants, quelque soit le niveau d’exposition. ¹ L’exposition à la fumée passive, est responsable de 1% de la mortalité au niveau mondial et 28%% de ces décès surviennent chez les enfants. ²
La fumée passive s’avère mauvaise pour la santé, aussi à l’extérieur. Des mesures des taux de particules fines prises devant et dans la gare de Bâle en sont l’illustration : entre 100 et 200 microgrammes par m3, soit beaucoup plus que les valeurs limites autorisées dans l’air extérieur.
Ces dernières années, des mesures de lutte contre le tabagisme ont été prises : interdiction de fumer dans les lieux publics, augmentations du prix du tabac, campagnes de sensibilisation, etc. Les interdictions de fumer restent, avec l’augmentation de prix, les mesures les plus effectives.
Cependant, toujours selon le Monitorage suisse des addictions de 2013, 6% de la population reste exposée à la fumée passive durant 7h ou plus par semaine et 35% pendant 1h ou plus par semaine. Les moins de 25 ans sont particulièrement touchés par le tabagisme passif.
Il y a en Suisse deux millions de fumeurs, et 57% d’entre eux ont commencé avant 18 ans. Beaucoup reste à faire pour dissuader les jeunes de commencer à fumer, en particulier concernant la publicité. D’ailleurs, une initiative pour interdire toute forme de publicité pour le tabac visant les enfants et les jeunes a été lancée par une large coalition réunissant la Fédération des médecins suisses (FMH), la Ligue suisse contre le cancer, des médecins de famille, pharmaciens et autres droguistes. ³
Comme l’estime Martin Röösli, chef d’unité à l’institut suisse de santé publique, « la Suisse est à la traîne ». Plusieurs pays et villes d’Europe ont pris des mesures face à la fumée : interdiction de fumer sur les places de jeux en France, dans les gares en Allemagne ou au Danemark, expérimentation de l’interdiction dans six parcs parisiens depuis l’été 2018. En comparaison des autres pays européens, la Suisse s’avère un mauvais élève en termes de mise en place de politiques de santé publiques, en particulier afin de protéger les jeunes et les enfants.
Cette situation illustre le besoin de prendre des mesures supplémentaires contre le tabagisme passif afin de diminuer son impact, en particulier sur les enfants et les jeunes. Les villes ont un rôle important à jouer en matière de santé publique. D’autant plus qu’une action volontariste représenterait un signal fort dans une ville où siège un géant mondial du tabac et pourrait initier des dynamiques dans d’autres villes.
Pour les raisons qui précèdent, ce postulat demande à la Municipalité d’étudier l’opportunité de créer des zones sans fumée dans les lieux publics extérieurs sensibles, par exemple ceux fréquentés par les enfants et les jeunes comme les places de jeu et les alentours des écoles.
Ilias Panchard
Sara Gnoni
¹ Le tabagisme passif en Suisse en 2013 / Analyse des données du Monitorage suisse des addictions : http://www.cipretvaud.ch/definition-et-dangerosite-de-la-fumee-passive/
² Oberg M, Jaakkola MS, Woodward A, Peruga A, Prüss-Ustün A. Worldwide burden of disease from exposure to second-hand smoke: a retrospective analysis of data from 192 countries.
³ Oui à la protection des enfants et des jeunes contre la publicité pour le tabac : www.enfantssanstabac.ch