Intervention et résolution sur l’interpellation déposée le 24 novembre 2020 de M. Jean-Michel BRINGOLF:

«Le réemploi : alternative au recyclage» (INT20/008)

Le groupe des Verts et des Vertes remercie la Municipalité pour sa réponse rapide, très complète et instructive. Celle-ci montre que les services communaux ont déjà développé une certaine pratique en matière de réutilisation et de réemploi de matières et d’éléments de construction. On peut encore ajouter la passerelle piétonne au Grand Pont avec ses poutres métalliques rouges, autre bel exemple de réemploi réalisé depuis.

La réponse montre également les difficultés et freins qu’existent actuellement en la matière :
– les problèmes de logistique (il faut trouver les éléments nécessaires, coordonner leur démontage et le réemploi, voire trouver des endroits de stockage entre deux),

– les exigences en matière énergétique et sécuritaire qui peuvent empêcher le réemploi,

– mais surtout une culture du bâti habituée à construire à neuf et de se débarrasser de l’ancien.

Il y a urgence à changer cette culture, aussi bien du point de vue climatique qu’écologique :

A Lausanne, les émissions de gaz à effet de serre liées à la construction s’élèvent à un peu plus de 10 % des émissions totales. Des énergies fossiles sont utilisées pour l’extraction des matières premières, pour la fabrication des matériaux de construction (notamment le ciment et le métal), leur transport, puis pendant la phase de chantier, notamment le gros œuvre. Ces émissions dites « grises » ou « intrinsèques » doivent être réduites à zéro en 2050.

En outre, nous savons que l’extraction des matières premières, par ex. le calcaire, détruit des sites naturels et paysagers de grande valeur, tel que le Mormont. Enfin, il s’agit de ressources non renouvelables, dont certaines (par ex. le sable) seront bientôt épuisées.

D’où l’intérêt
– de prolonger la durée de vie des bâtiments, en favorisant la rénovation et la réaffectation à la démolition/reconstruction
– si une démolition s’impose, de réemployer au maximum les éléments et matières constructives, ou à défaut de les recycler ;
– d’utiliser des matériaux ayant l’empreinte écologique le plus faible (par exemple les matières biosourcées de proximité ou la terre crue) ;
– et d’inciter à la sobriété énergétique avec des seuils de « budget carbone » à respecter pour chaque bâtiment sur tout son cycle de vie, en conformité avec le Plan climat.

La Municipalité a signalé, dans sa réponse, vouloir mettre en œuvre une étude d’analyse, d’évaluation et de suivi des constructions, afin de mieux connaître les gains écologiques de la réutilisation, du réemploi et du recyclage des matériaux de construction, pour développer ensuite une stratégie afin de modifier la culture lausannoise du bâti et de réduire l’empreinte écologique des constructions.

Le groupe des Verts et des Vertes soutient la Municipalité dans cette démarche et vous propose une résolution dans ce sens. Toutefois, nous soulignons l’urgence d’agir. Il faut donc rapidement adopter cette stratégie et se donner les moyens de la mettre en œuvre, notamment dans le PACom et son règlement.

D’ores et déjà, nous souhaitons que la commune utilise tous les moyens à sa disposition pour favoriser la réutilisation et le réemploi de matériaux de construction, non seulement pour ses propres projets, mais également pour les ouvrages privés, par exemple en mettant à disposition des terrains pour le stockage d’éléments de construction réemployables, et en incitant, à chaque démolition, les maîtres d’ouvrages à recourir à des plateformes d’échange, tel que SALZA.

Résolution :

Le Conseil communal souhaite que la municipalité se dote rapidement d’une stratégie pour réduire l’empreinte carbone et l’empreinte écologique des constructions, et qu’elle utilise d’ores et déjà les moyens à sa disposition pour favoriser la réutilisation et le réemploi de matériaux et d’éléments de construction.

Adoptée avec seulement un non et quelques abstentions le 5 avril 2022