Ilias Panchard

Les supporteurs-rices en font aussi les frais

Interpellation

Les scènes se répètent lors de chaque journée où un match de football professionnel a lieu à Lausanne : des milliers d’habitant-e-s subissent les nuisances causées par les « cortèges » des supporteurs-rices « ultras ». Ces défilés non-autorisés entre la gare et les stades de la Pontaise ou de la Tuillière causent notamment des longues interruptions et des déviations des transports publics (lignes 1, 3, 20 et 21).

Les quartiers du Nord-Ouest sont particulièrement touchés et cette situation s’avère très problématique pour de nombreuses familles, des personnes âgées ou en situation de handicap, limités dans leurs déplacements pendant plusieurs heures.

Une pétition a été lancée par des habitant-e-s en février 2024. Intitulée « Pour une desserte en transports publics sans interruption les jours de match de football dans le nord de la Ville », elle demande « que des mesures soient mise en place pour assurer la desserte en transports publics de ces quartiers lors des jours de match ». Nous aurons donc l’occasion d’en reparler prochainement au Conseil communal. La présente interpellation aborde ainsi un sujet connexe.

En effet, les nuisances causées par ces « cortèges », en tête desquelles figure l’interruption et la déviation de plusieurs lignes de transports publics, touche aussi fortement les nombreuses personnes se rendant au match en transports publics. De très nombreux bus sont retardés voire supprimés, que ce soit avant le match ou après. Les lignes de bus sont souvent saturées dans la demi-heure précédant le début du match et, après celui-ci des centaines de supporteurs-rices se retrouvent en rade suite à des suppressions de bus, souvent non-communiquées. Un mauvais fonctionnement des transports publics les jours de match a de nombreuses conséquences négatives et seule la mise en place de mesures politiques concrètes et courageuses pourra réellement résoudre ces situations problématiques.

Nous posons les questions suivantes à la municipalité:

  • 1) Comment la Municipalité analyse-t-elle le fait que les supporteurs-rices sont aussi touché-e-s directement par les impacts négatifs des « cortèges d’ultras » ? A-t-elle pris ou envisagé des mesures spécifiques pour y remédier ?
  • 2) Comment la Municipalité analyse-t-elle les impacts d’une mauvaise desserte en transports publics les jours de match sur l’augmentation du trafic routier individuel motorisé ? Ne craint-elle pas que ces couacs répétés ne découragent les supporteurs-rices qui se rendent actuellement au stade en transports publics ?
  • 3) La Municipalité a-t-elle plaidé cette cause au sein des TL p.ex. lors de récentes séances du conseil d’administration ? Une augmentation du nombre de bus les jours de match, notamment à la fin de ceux-ci, est-elle envisagée ?
  • 4) Comment la Municipalité explique-t-elle la suppression pure et simple des bus au départ de la Blécherette à la fin des matchs à la Tuillière ? Comment se fait-il qu’aucune communication efficace sur l’absence de bus ne soit effectuée par les TL laissant des centaines de supporteurs-rices sur le carreau ?
  • 5) Concernant les « ultras » de l’équipe adverse, est-il déjà arrivé lors de la saison 2023-2024 que ces derniers sortent du stade quelques minutes seulement après la fin du match ? Si oui, combien de fois et lors de quel(s) match(s) ?
  • 6) Les polices cantonale et communale, de concert avec la sécurité privée postée aux abords du stade, ne sont-elles pas en mesure de « maintenir » ces « ultras » au sein du stade au moins le temps qu’un nombre suffisant de bus au départ de la Blécherette puissent desservir le centre-ville et la gare ? Si ce n’est pas possible, quel est donc leur rôle sécuritaire sur place hormis accompagner par la main ces cortèges « d’ultras » sans rien faire ?
  • 7) La Municipalité est-elle consciente du fait que régulièrement des agent-e-s de police à moto, communaux ou cantonaux, déboulent à fond en descendant à travers la ville – notamment après la fin des matchs à la Tuillière – sans aucune raison apparente étant donné qu’à ce moment là les supporteurs-rices « ultras » n’ont pas encore quitté le stade ?
  • 8) La Municipalité est-elle en contact avec les clubs lausannois à ce sujet – en particulier le FC Lausanne-Sport vu les difficultés des transports publics les jours de match depuis la Tuillière – afin de travailler à garantir une meilleure desserte en transports publics ?
  • 9) N’est-il pas contradictoire d’encourager les supporteurs-rices à se rendre au stade en transports publics si les mesures prises ne permettent pas leur utilisation fiable, efficace et sécurisée ? Une contribution des clubs à l’augmentation de la capacité des transports publics les jours de match est-elle envisageable ?

Ilias Panchard, Valéry Beaud