Postulat

Plusieurs
études et articles parus ces derniers mois ont souligné les graves
conséquences que le bruit du trafic peut avoir sur la santé des
habitantes et habitants d’une ville. S’ajoutant aux autres
conséquences négatives d’un trafic motorisé trop important
(pollution, maladies pulmonaires, accidentologie, etc.), le bruit a
été placé au centre des inquiétudes d’une grande partie du
monde médical et scientifique.

S’agissant
spécifiquement de Lausanne, une étude parue en 2018 a mis en
lumière un lien direct, dans plusieurs quartiers de la ville, entre
les problèmes de somnolence la journée et le bruit nocturne causé
par la circulation1.
Menée par des chercheurs du CHUV, des HUG et de l’EPFL, dont le
Prof. Stéphane Joost (chercheur au Laboratoire de systèmes
d’information géographique de l’EPFL), cette recherche a relevé
l’existence de points noirs particulièrement problématiques, dont
le carrefour entre l’av. d’Echallens et le ch. de Montétan, les
abords de la place de Milan ou encore les alentours de la place de la
Riponne. En examinant le cas de 3’700 habitantes et habitants de tous
quartiers, et en mettant leurs expériences en rapport avec les
données du cadastre du bruit réalisé par l’Office fédéral de
l’environnement (OFEV), les chercheurs ont établi un lien direct
entre ces problèmes de bruit et la somnolence diurne dont souffrent
les personnes concernées.

Cette
étude a notamment relevé que la circulation lausannoise était la
plus bruyante de Suisse. Elle dépasse en effet souvent les 55
décibels, soit la valeur limite imposée par l’Ordonnance sur la
protection contre le bruit (RS 814.41 ; « OPB »)2,
en raison de ses rues en pente qui entraînent des démarrages ou des
accélérations marquées. Cette valeur dépasse en outre le seuil
maximal autorisé par l’Office fédéral de la santé publique, qui
est de 50 décibels LEQ (moyenne continue dans le temps de l’énergie
acoustique diffusée).

L’impact
sonore de ces démarrages et accélérations s’avère
particulièrement marqué en période nocturne. Or, les perturbations
du sommeil causées par le bruit de la circulation ont un réel effet
négatif sur la santé, puisqu’elles peuvent causer une somnolence
diurne, une augmentation du stress et des maladies psychiques telles
que la dépression, un risque accru d’obésité, des maladies
cardio-vasculaires ou encore des accidents liés à la fatigue.

Les
problèmes liés au trafic automobile de nuit sont d’ores et déjà
pris en compte par la Ville de Lausanne aux abords des hôpitaux.
Afin de limiter les nuisances et permettre aux patients de bénéficier
du sommeil nécessaire à leur rétablissement, la circulation
automobile est en effet interdite aux abords du CHUV entre 22h et 6h.

Compte
tenu de la topographie marquée de la ville, il est impératif de
tenir compte de ces éléments et de limiter au maximum les nuisances
sonores liées au trafic automobile nocturne. A l’exemple du choix
opéré autour des hôpitaux, cela doit notamment se faire par des
interdictions partielles de circuler de nuit sur certains tronçons
particulièrement problématiques. Cela peut en particulier être le
cas sur des tronçons aux pentes marquées. Ces interdictions
partielles pourraient réserver certaines exceptions, notamment pour
les résidents ou les transports-publics – toujours toutefois en
conservant comme objectif central la réduction des nuisances sonores
liées au trafic routier.

Ces
interdictions nocturnes viennent utilement compléter d’autres
mesures prises – ou envisageables – afin de lutter contre le
bruit lié au trafic automobile. Cela couvre notamment les
limitations de vitesse nocturnes généralisées qui sont prévues
pour être mises en œuvre à Lausanne3.

Ce
n’est qu’avec de telles mesures que les risques pour la santé
des lausannoises et lausannois, mis en lumière et développés par
l’étude menée par des chercheurs du CHUV, des HUG et de l’EPFL,
peuvent être réduits.

Conclusions :

La
présente initiative invite la Municipalité à étudier
l’opportunité d’interdire la circulation nocturne de véhicules
motorisés (entre 22h et 6h) sur certains tronçons routiers.
Ce faisant, la Municipalité pourra prévoir certaines exceptions
(résidents, transports-publics, etc.), tout en conservant comme
objectif principal la réduction des nuisances sonores liées au
trafic routier.

David Raedler

1
Stéphane
Joost, José Haba-Rubio, Rebecca Himsl, Peter Vollenweider, Martin
Preisig, Gérard Waeber, Pedro Marques-Vidal, Raphaël Heinzer,
Idris Guessous, Spatial
clusters of daytime sleepiness and association with nighttime noise
levels in a Swiss general population (GeoHypnoLaus)
,
International Journal of Hygiene and Environmental Health, 1 June
2018, p. 951 à 957.

2
Annexe 3.

3https://www.24heures.ch/vaud-regions/lausanne-region/Le-30kmh-la-nuit-une-affaire-de-sante-publique/story/29035039 (vu le 2.04.2019).