Intervention

Postulat de Claude-Alain Voiblet : « Harcèlement de rue, les caméras de vidéosurveillance ne feraient-elles pas un bon moyen de lutter contre ce nouveau mal urbain ? « 

Soit ce postulat est un aveux d’ignorance de ce qu’est le harcèlement de rue, ce dont je doute, soit il est l’image même d’un postulat alibi et populiste. Le harcèlement de rue comme nouveau moyen de remettre la vidéosurveillance du domaine public sur le devant de la scène.
Plusieurs raisons mèneront les Verts à refuser le renvoi de ce postulat à la Municipalité :
– suite aux postulats Verts sur la question du harcèlement de rue, la Municipalité a répondu de manière circonstanciée et complète dans le Rapports-préavis 2017/59 dont nous aurons l’occasion de parler prochainement. Nos postulats était pour l’un très précis, pour l’autre très large quant à la demande qui était faite à la Municipalité pour s’attaquer au fléau du harcèlement de rue. Elle avait donc tout loisir d’examiner la question de la vidéosurveillance. Et pas une seule fois, en 22 pages, la Municipalité n’en fait mention.
– Pourquoi ? pas parce qu’elle n’y a pas pensé. Non. Mais parce que :
–       Non seulement cette option n’est d’aucune efficacité pour combattre le harcèlement de rue, qui est souvent verbal, pas forcément pénalement répréhensible… et les caméras de vidéosurveillance ont surtout pour but d’identifier des auteurs après coups, ce qui s’avère inutile si on ne peut pas punir légalement ces auteurs. Quant à l’effet dissuasif, j’ai beaucoup de mal à l’imaginer concrètement, même pour les actes pénalement répréhensible qui pourraient être les insultes ou la contrainte, ils seraient très difficilement perceptibles à la caméra… d’autant plus sans le son.
–       Cette option est également contreproductive : elle se focalise, comme je l’expliquait, sur l’éventuelle sanction a posteriori, alors qu’il principalement faut agir en amont, par de l’information et de la sensibilisation, voire sur le moment pour mettre un terme à ces actes nauséabonds, ce qu’à bien compris la Municipalité dans les mesures qu’elle propose dans son rapport préavis 2017/59.
–       Donc au final pourquoi, quel est le but de ces caméras, si ce n’est d’atteindre à notre personnalité en nous filmant en permanence pour une prétendue, mais inexistante, sécurité supplémentaire ?
A la lecture du rapport de commission on est conforté dans l’idée que le postulant ne s’intéresse pas à proprement parler au harcèlement de rue, mais à la sur-sécurisation du domaine public et au contrôle à outrance. En effet, le postulant nous dit que « le phénomène est nouveau »… je lui laisserai poser la question autour de lui pour vérifier sa déclaration.
Finalement, les Verts ont toujours été sceptique à l’idée de multiplier les caméras de vidéosurveillance dans le domaine public. Si ces caméras, dans des lieux confinés et bien identifiés, peuvent limiter les infractions pénales, ou faciliter l’identification des auteurs, elles doivent rester une exception afin de préserver une liberté individuelle et une confidentialité sur le domaine public. Elles ne peuvent à elles-mêmes résoudre tous les défis de la sécurité d’une ville et si nous en ajoutons, il convient de le faire intelligemment dans un but poursuivi clair et précis. Hors, avec ce postulat, le but formulé est soit un alibi, pour d’autres raisons cachées par le postulant, soit sans lien possible avec la proposition du postulat, car inefficace.
Nous vous invitons donc à refuser de transmettre ce postulat à la Municipalité et nous réjouissons de débattre du préavis de cette dernière qui fait suite à nos interventions sur la lutte contre le harcèlement de rue.
Xavier Company