Intervention

La densification et la protection du patrimoine ne sont pas des principes contradictoires. Les deux sont nécessaires pour un développement urbain durable.
La densification est nécessaire pour lutter contre l’étalement urbain, contre le gaspillage des ressources naturelles, pour maintenir ou créer un tissu urbain qui ne nécessite pas de déplacements trop longs, mais aussi pour limiter les investissements publics par habitant dans les différentes infrastructures. La protection du patrimoine permet de son côté de préserver un paysage urbain intact et attractif pour ses habitants et usagers, de sauvegarder l’identité des différents quartiers, et de ne pas effacer les traces de l’histoire.
Cependant, pour arriver à une densification « de qualité », il y a des solutions à trouver entre les différents intérêts en jeu. Des arbitrages sont à faire, où l’intérêt public prime sur l’intérêt individuel. A ce titre, nous réjouissons énormément que la municipalité actuelle accorde beaucoup plus d’intérêt aux questions de patrimoine, agissant de façon plus active.
Le Plan général d’affectation (PGA) va être révisé prochainement. Celui-ci constitue une base importante pour concrétiser la protection du patrimoine bâti, et notamment pour protéger les ensembles bâtis dignes d’intérêt, tout en permettant de densifier la ville. Les Verts ont de grandes attentes dans cette révision du PGA et vont accompagner ces travaux de façon attentive. C’est une opportunité à ne pas rater.
A ce titre, je vous rappelle la résolution que le Conseil communal a voté suite au postulat de M. Beaud (« L’ISOS et les article du RPGA utilisés par la CDAP pour annuler un permis de construire délivré par la Municipalité, une bonne nouvelle pour le patrimoine bâti lausannois ? »). Je cite : « Dans l’attente de la révision du Plan général d’affectation (PGA), le Conseil communal souhaite que la Municipalité fasse usage des outils dont elle dispose pour veiller à une densification respectueuse du patrimoine, particulièrement des ensembles bâtis dignes d’intérêts ».
Le postulat déposé par M. Carrel vise à augmenter le niveau de prévisibilité pour les investisseurs et autres acteurs immobiliers. Cet objectif général est entièrement partagé par le groupe des Verts, même si la prévisibilité pour l’obtention d’un permis de construire d’un bâtiment actuellement noté au niveau 3 ou 4 de protection ne pourra jamais être totale. Le postulat pose de bonnes questions, et trois pistes sont évoquées. La première piste – celle de pouvoir consulter la déléguée au patrimoine en amont dans les procédures – semble déjà fonctionner aujourd’hui. Encore faudrait-il que les promoteurs immobiliers tiennent compte des recommandations émises. La deuxième piste demande que la municipalité établisse une liste exhaustive, en s’engageant à ne pas demander le classement des objets qui ne figurent pas sur la liste. Cette proposition ne peut à notre sens pas être appliqué de façon mécanique, car la pesée des intérêts est souvent plus complexe et subtile pour chaque cas concret. La troisième piste, celle du PGA, nous semble bien évidemment prometteuse, mais sa concrétisation prendra encore quelques années.
Vous l’aurez compris, malgré ces quelques réserves, le groupe des Verts salut l’initiative de M. Carrel et soutient par conséquent le renvoi de ce postulat à la municipalité.
Encore un dernier point que je souhaite rappeler ici, c’est l’intention exprimée par la municipalité dans son programme de législature de mettre en place une commission d’urbanisme et d’architecture, ce que nous appelons de nos vœux au plus vite. Cette commission permettra notamment d’évaluer les projets en amont du processus, notamment au regard des critères d’esthétique et d’intégration. La Ville de Lausanne est une des dernières grandes villes à ne pas en posséder à ce jour.
Daniel Dubas