Intervention

Pour commencer, comme il est d’usage, je remercie la Municipalité pour ses réponses écrites à notre interpellation urgente.

Elles
permettent d’apporter quelques éclaircissements dans une situation
somme toute compliquée et parfois quelque peu dure à suivre. Nous
saluons en particulier la volonté de la Municipalité, comme nous le
demandons, de reprendre au plus vite les discussions avec les
différents acteurs. Cela en vue d’un compromis acceptable par le
plus grand nombre d’actrices et d’acteurs de ce dossier essentiel
pour la Ville de Lausanne.

En
préambule, je souhaite saluer la clarté de la Municipalité quant
au rejet de toute forme de gestion de type new
public management

ou technocratique de la gouvernance des institutions subventionnées.

Un résumé des différentes étapes qui ont mené à la situation actuelle figure dans le texte de notre interpellation, ainsi que dans les réponses de la Municipalité à nos questions. Je ne reviendrai donc pas en détail sur ce long processus ici à la tribune. Cependant, j’aimerais insister sur c éléments précis qui nous semblent particulièrement importants, et qui sont essentiels pour l’animation socioculturelle :

  1. Le
    premier élément concerne les spécificités de l’action de
    l’animation socioculturelle. Elle se déploie en effet dans des
    quartiers très différents dans leur composition économique et
    sociale, leur situation géographique, concerné, ou non, par la
    présence d’institutions engagés au service d’une population
    parfois précaire et marginalisée. Bénéficier d’une marge de
    manoeuvre pour pouvoir s’adapter aux spécificités du terrain
    afin de répondre aux besoins de la population du quartier, s’avère
    donc essentiel pour les professionnel-le-s de l’animation
    socioculturelle.
    Ces derniers mois, de nombreux
    professionnel-le-s ont fait part de leur crainte de voir une
    adaptation standardisée sans nuances et trop détaillée de leur
    cahier des charges. Au delà même de savoir si la crainte est
    fondée ou non, le simple fait qu’elles et ils puissent ressentir
    cette volonté de la part de la Municipalité est déjà, en soi,
    problématique et devrait vivement nous alerter. Cette crainte vient
    entre autre d’une proposition de convention de subventionnement qui
    contenait des éléments uniformisés en terme d’heures, de public
    cible ou de prise en compte des spécificités des quartiers…
    Ce
    sont entre autres ces craintes qui ont fait réagir le groupe des
    Vert-e-s et qui nous détermine à agir depuis des semaines en
    faveur d’une solution négociée et viable.

  2. Le
    second élément concerne le rôle important joué par les
    bénévoles. Il est hélas assez peu abordé ce soir et dans le
    débat en général. Alors que sans leur engagement, de nombreuses
    activités et services rendus par l’animation socioculturelle ne
    pourraient simplement pas avoir lieu. Ces bénévoles ne peuvent
    être oubliés dans ce débat au moment où le bénévolat en
    général vit des heures difficiles. Une articulation de qualité
    entre les professionnel-le-s et les bénévoles dans les quartiers
    est nécessaire pour que l’animation socioculturelle fonctionne le
    mieux possible.
    Ce que font d’ailleurs la plupart des
    animatrices et animateurs en travaillant main dans la main avec les
    associations dans les quartiers. Nous comptons aussi sur la
    Municipalité pour renforcer la place donnée aux associations, de
    quoi reconnaître davantage encore le rôle joué par les bénévoles
    qui composent ces dernières.


Chères
et chers collègues, disons le franchement, la situation actuelle ne
convient à personne. Statu-quo ou potentielle municipalisation, le
groupe des Vert-e-s est convaincu depuis le début qu’une autre
solution est à même d’être trouvée, d’autant plus que des
rencontres sont prévues ces prochaines semaines. Rencontres
d’ailleurs confirmées ces dernières semaines par le municipal
Payot.

L’animation
socioculturelle fait assurément partie des thèmes les plus
discutées au Conseil communal depuis le début de la législature.
Mais nous ne sommes pas les seuls actrices et acteurs du dossier à
avoir passé beaucoup de temps à plancher sur le sujet. Le Conseil
de fondation de la FASL, les animatrices et animateurs, les bénévoles
dans les quartiers, ces questions d’organisation, de gouvernance
ont pris beaucoup de temps et obligé de très nombreuses personnes à
dépenser passablement d’énergie, cela pendant des mois. D’où
aussi une situation professionnelle difficile dans certaines maisons
de quartiers. Nous devons en tenir compte, de la bonne manière.

C’est
par conséquent pour cela qu’il est d’autant plus important
d’aboutir à une solution globale, satisfaisante, concertée et de
ne pas accepter une solution par défaut, en bout de course, qui
soulèverait une nouvelle levée de boucliers importante ou, en tout
cas, de très nombreuses interrogations critiques. Ne jetons pas le
bébé avec l’eau du bain.

Il
n’est pas possible pour nous, Conseil communal, de prendre une
décision “par défaut”, sans se baser sur un projet clair, dans
un climat aussi tendu. Cela ne servirait qu’à empirer la
situation. C’est aussi ce qui ressort de nos échanges avec de
nombreux représentant-e-s de l’animation socioculturelle. Nous
tenons d’ailleurs à saluer les propos du municipal Payot et du
syndic qui vont dans le sens d’une recherche apaisée d’un
compromis solide et viable.

Il
est nécessaire de prendre du temps pour avancer, d’établir un
calendrier clair, avec une échéance précise pour réunir les
actrices et acteurs du dossier et trouver un compromis acceptable. Y
compris parmi les solutions évoquées précédemment, par exemple
les contrats tripartites. Ce qu’a d’ailleurs évoqué le
municipal Payot.

Nous
sommes convaincus qu’une majorité d’actrices et d’acteurs –
associatifs, professionnels et, je l’espère, politiques, sont en
faveur d’une solution transitoire, veulent discuter à nouveau,
négocier, s’engager en faveur d’un compromis solide et ne
peuvent accepter, à cause de questions de délais, une fin en queue
de poisson.

Enfin, en conclusion, je dirais que, tout
comme le municipal David Payot, nous sommes optimistes. Nous croyons
fermement en la possibilité de sortir de cette crise sans décision
unilatérale. Ce n’est pas exactement dans l’ADN verte que de
vanter ses mérites, je le dis donc avec une certaine modestie ou
même une modestie certaine : l’évolution du dossier depuis le
communiqué de presse du 29 novembre dernier donne clairement raison
à notre approche politique. Concertée, responsable et constructive.

Une solution concertée, raisonnable et adaptée aux enjeux est possible. Mais, pour cela, il faut de la bonne volonté de la part de l’ensemble des actrices et acteurs du dossier.
Chose somme toute faisable, c’est ce qui ressort de nos échanges avec passablement d’animatrices et d’animateurs, de bénévoles et de citoyen-ne-s proches des activités proposés par l’animation socioculturelle. Reste à exprimer, ou continuer d’exprimer, cette bonne volonté aussi au niveau politique. Nous avons fait notre part en tant que groupe politique. C’est aussi chose faite récemment du côté de la Municipalité, récemment dans la presse où le municipal Payot annonce des discussions à venir et le syndic laisse la porte ouverte à d’autres solution. Reste maintenant à exprimer, au Conseil communal aussi, cette bonne volonté en envoyant un signal politique clair en faveur d’un compromis et d’une solution satisfaisante. Il en va de notre responsabilité politique.
Ilias Panchard