« Un monde sans espoir est irrespirable »

(André Malraux, L’Espoir, Gallimard, 1937)

Tout le monde l’affirme: cette crise du covid-19 révèle ce qui était déjà là avant, mais peu visible, tant d’un point de vue individuel que collectif. Mais plus que cela, elle amplifie tout. Et dans une logique toute manichéenne à nous faire devenir schizophrènes, nous pouvons être fiers, émus aux larmes et plein d’espoir car elle révèle et amplifie le bon, le bien et le beau ; mais nous pouvons aussi être honteux, révoltés et désespérés car elle révèle et amplifie le mauvais, le mal et le laid. Cette crise met également en lumière nos fragilités et les failles de nos systèmes, à toutes les échelles et dans tous les domaines. Mais notre instinct de survie est quant à lui vigoureux et nous pouvons nous en réjouir. Des voix, connues ou moins connues, se font d’ores et déjà entendre pour montrer la seule posture solide et crédible pour la suite : cette crise va nous permettre de nous recentrer sur l’essentiel et l’espoir doit être notre moteur. C’est un risque à prendre, mais le jeu en vaut la chandelle qui nous permettra d’éclairer le chemin à parcourir.
Ce Petit traité post pandémie constitue une modeste contribution d’une Lausannoise à la réflexion collective que nous devons avoir pour l’avenir.
Réflexion basée sur un parcours de vie, des transmissions familiales, des enseignements de professeurs et de lectures, des émotions sans filtre, des convictions politiques et des intuitions. Et réflexion toujours dans la perspective d’action.
Le mot guide est assurément : « petit ». Nous devrons repenser nos échelles de vie et les articuler entre elles différemment. Et l’échelle-coeur, le centre névralgique, sera le petit, la maison, le quartier, la commune, le commerce du coin de la rue. L’idée n’est impérativement pas un repli sur soi, mais une façon différente de concevoir, à partir « du petit », notre relation avec le reste du monde.
Réflexion qui a comme but principal de penser à nos jeunes d’aujourd’hui et de demain. C’est pour eux que nous devons faire le point après une crise d’une telle ampleur planétaire. Si nous ne le faisons pas, alors c’est comme si nous les abandonnions ou pire encore, comme si nous les condamnions.
Réflexion qui vise ainsi à tout de suite faire disparaître toute velléité de vouloir « faire comme si de rien n’était » et de « repartir comme en quarante ». Cette crise, comme souvent les crises, peut être salutaire. C’est en tous cas avec optimisme et espoir qu’il faut réfléchir la suite, pour « le retour à la normale ». C’est ce que nous devons à nos jeunes en tant qu’adultes responsables.
Mais est-ce que tout ce que nous vivions avant était vraiment « normal » ? Nous pouvons sérieusement en douter. Mais douter, c’est ce qui nous permettra à nouveau d’être plutôt que d’avoir. Car le point de départ est de venir puiser en chacun et chacune d’entre nous pour trouver l’imagination, l’audace, la force et le courage de proposer de vivre autrement. Parce que oui, soyons sérieux, nous allons devoir changer des choses…
Mais le bouquet final de l’image du monde de demain est dans le croisement des expériences et des expertises car une communauté de destin ne se construit qu’à plusieurs intelligences.
Natacha Litzistorf