Nous dépendons de l’eau aussi bien pour notre survie que pour grand nombre de nos activités. Nous avons besoin d’un approvisionnement stable et régulier, aussi bien à un niveau quantitatif que qualitatif, quels qu’en soient les usages. À l’échelle du Canton, l’eau de consommation a différentes provenances : nappes phréatiques, eaux souterraines, eaux de surface, telles que rivières ou lacs. Dans une perspective de soutien à un équilibre écologique, l’utilisation des eaux souterraines locales devrait rester une solution privilégiée. De même que l’eau des lacs ne devrait être exploitée que pour pallier à la déficience d’autres réseaux d’approvisionnement ou lorsque leur exploitation compromet gravement  l’équilibre naturel des cours d’eau et des nappes souterraines.

La Loi vaudoise sur la distribution de l’eau (LDE) charge les communes d’assurer la distribution de l’eau pour la consommation et la lutte contre le feu. Quant à la loi sur la protection des eaux contre la pollution (LPEP), celle-ci confie aux communes la mission de  veiller sur la qualité de l’eau distribuée aux consommateurs, de prévenir les cas de pollution et de prendre toutes mesures utiles pour y remédier.

Le réseau hydrographique de la commune de Lausanne se divise en six bassins versants et concerne une centaine de kilomètres de cours d’eau. Une partie de ce réseau a été rendu impropre à la consommation suite aux effets du chlorothalonil. L’utilisation de pesticides à base de chlorothalonil est interdite depuis le 1er janvier 2020, mais des métabolites de ce produit subsistent dans certaines eaux souterraines. Le Service de l’eau de Lausanne a pu mettre hors service les captages dans lesquels les concentrations étaient supérieures à la norme. Ces cours d’eau ont été détournés et ne sont plus exploités dans le réseau d’eau potable depuis mars 2020. Cela représente environ 2’000’000 de m3 par an ou l’équivalent de 20% d’eau de source, qui ont été compensés par des pompages dans le lac Léman.

Ce service mène depuis 2019 une étude approfondie sur la qualité des cours d’eau situés sur son territoire. Cette recherche a permis d’identifier de nombreuses zones de pollution des cours d’eau et leurs origines. Les conclusions de l’étude sont sévères : peu de cours d’eau sont dans un état satisfaisant d’un point de vue biologique, physico-chimique ou morphologique. Cette étude basée sur un programme de surveillance a montré, sans surprise, que les bassins versants les plus pollués sont situés en zones urbaines, et que les zones les moins touchées sont situées dans des environnements principalement forestiers. Les cours d’eau sont des sources d’eau potable et des écosystèmes indispensables à la biodiversité, mais en étant partie intégrante du système d’évacuation des eaux urbaines, ils deviennent victimes et porteur de pollution. Les résultats présentés dans le rapport du Service de l’eau sont sans appel : l’amélioration de l’état des cours d’eau, actuellement limités dans leurs fonctions écologiques, nécessite une révision d’une partie  du système d’évacuation des eaux.

Avec le réchauffement climatique prévu dans les années à venir, les intempéries extraordinaires, telles que survenues en juin 2018 et qui ont occasionnés des dégâts considérables à Lausanne, seront de plus en plus fréquentes. Ce qui pose de nouveaux défis en termes d’infrastructures et d’évacuation des eaux. De plus, la crise écologique et climatique actuelle provoque une perte de débit des sources d’eau exploitée pouvant s’élever jusqu’à 20%. La compensation de l’approvisionnement passe par le pompage de l’eau du Lac Léman. Ces exploitations répétées de l’eau du lac entraînent de nouveaux déséquilibres écologiques. Cette crise de l’eau et les conséquences dévastatrices des futures intempéries ne sont pas propres à Lausanne et concernent l’ensemble du canton, et bien au delà.

Soutenir les études sur la qualité des cours d’eau, les démarches écologistes en cours et en impulser d’autres sont nécessaires. Nous devons surtout agir en force pour supprimer toute forme de pollution pour notre propre survie et celle de la biodiversité.

Durant cette législature, il y a eu quelques avancées sur les questions hydriques, mais nous devons continuer à progresser. Le 20 mars 2022, élisons un Conseil d’État et un Grand Conseil encore plus verts, prêts à relever ce défi.