Amélioration de la sécurité des piétonnes et piétons et des cyclistes

Selon le Bureau de prévention des accidents (BPA), deux tiers des accidents graves sur les routes suisses se produisent dans des localités. Chaque année en Suisse, sur les tronçons limités à 50 km/h, environ 1900 usagères et usagers de la route subissent des blessures graves et 80 autres perdent la vie, dont la plupart se déplaçaient à pied, à vélo (avec et sans assistance électrique) ou à moto. La vitesse de circulation est un facteur déterminant de la cause et la gravité des accidents. Le risque pour un piéton d’être tué en cas de collision avec un véhicule roulant à 50km/h est six fois plus élevé qu’à 30km/h.1

La réduction de la vitesse de circulation de 50 km/h à 30km/h permettrait d’éviter théoriquement jusqu’à 50% des blessés graves et des personnes tuées. À titre d’exemple, une étude récente menée à Toronto au Canada, a montré que la réduction de la limite de vitesse de circulation de 40 à 30km/h a permis de réduire de 28% les accidents impliquant une collision entre un véhicule et un piéton et de 67% les accidents graves ou mortels.2

Réduction des nuisances sonores et impact sur la santé publique

Le bruit provenant du trafic est la source principale de nuisances sonores dues aux activités humaines et a un impact négatif sur la santé physique, psychique et le bien-être.3

Une étude épidémiologique européenne incluant 724 villes et 25 grandes villes (dont Zürich) et 123’966’346 habitant·e·s adultes, a estimé que 7.6% des adultes étaient hautement dérangés par le bruit (8% à Zürich) et que 3608 morts par cardiopathie ischémique (maladie cardiaque la plus fréquente) pourraient être évitées en appliquant les recommandations sur le bruit de l’OMS (2% des morts par cardiopathie ischémique à Zürich pourraient être évitées).3

Le bruit routier peut être diminué de manière efficace par un contrôle à la source de l’émission, par la pose de revêtement phonoabsorbant (de réalisation coûteuse), par une motorisation électrique des véhicules, et de manière efficace et économique par une réduction de la vitesse de circulation. Ainsi, en baissant la vitesse de 50 à 30km/h, les émissions sonores sont réduites d’environ 3 décibels, ce qui équivaut à une diminution du trafic de moitié.4

Une autre étude modélisant la réduction de la limite de vitesse de 50 à 30km/h à Lausanne (sur toutes les routes sauf les cantonales) a estimé pouvoir prévenir chaque année dans la ville notamment 1 mort cardiovasculaire, 72 hospitalisations pour maladie cardiovasculaire et 17 nouveaux cas de diabète.5

Pas de conséquence négative sur la fluidité du trafic et effet neutre voire favorable sur la pollution

La généralisation de la limite de vitesse à 30 km/h dans les localités suscite des craintes, notamment que les trajets soient rallongés et qu’il y ait un report du trafic vers les quartiers résidentiels. Cependant ces craintes ne sont en général pas fondées. Les manœuvres de freinage et d’accélération sont moins nombreuses, rendant le trafic plus fluide. L’abaissement de la vitesse ne serait que de 2 secondes par 100 mètres et est plus faible voire inexistante lors des heures de pointes. Selon les aménagements accompagnant la baisse de vitesse à 30 km/h, il est même possible de diminuer les temps de trajet.6

Concernant la pollution émise à l’utilisation du véhicule, une étude récente a montré que les émissions de gaz et de particules polluants par les moteurs thermiques étaient légèrement plus élevées à 30 km/h qu’à 50 km/h à vitesse constante. Cette différence s’atténue avec l’évolution des normes européennes d’émissions de polluants par les véhicules prévues sur les prochaines années.7 Aussi, ce qui génère le plus de pollution sont les accélérations, qui sont réduites avec une limitation de vitesse à 30 km/h et davantage de fluidité sur le trafic. Il est difficile de conclure en l’absence de données claires sur les émissions polluantes, mais l’effet est probablement peu relevant. Sur des véhicules électriques, la consommation est moindre.

Finalement, à vitesse moindre et avec une baisse des accélérations et des freinages, il en résulte des plus faibles contraintes sur les pneus et donc que moins de particules de microplastiques sont générées.8 Rappelons au passage que 30 tonnes de microplastiques provenant des pneus polluent chaque année le lac Léman.9

L’ONU appelle à une limitation de 30 km/h dans les villes – une mesure qui se développe dans le monde et en Europe

En mai 2021, à l’occasion de la Semaine mondiale pour la sécurité routière des Nations Unies, l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation mondiale de la santé ont lancé une campagne préconisant une limitation de la vitesse à 30 km/h dans les rues des villes où piétons, cyclistes et trafic motorisé se partagent la voie publique dans le but de garantir des villes sûres, saines, vertes et vivables.10 11

Ainsi, de plus en plus de villes européennes ont adopté cette mesure, à l’image notamment de l’ensemble des routes à une voie des villes d’Espagne, l’ensemble des rues urbanisées des Pays-Bas, la région de Bruxelles, Paris depuis septembre 2021, Lyon depuis mars 2022.

En bref, le 30 km/h en ville permet

  • plus de sécurité pour les habitant·e·s des villes, en particulier pour les piéton·ne·s, les cyclistes et les enfants,
  • favorise la mobilité active,
  • réduit les nuisances sonores,
  • est bénéfiques en terme de santé publique, avec un impact neutre voire bénéfique en terme de fluidité du trafic
  • probablement neutre, voire bénéfique en terme d’émission de pollution,
  • est une mesure efficace, peu coûteuse et proportionnée et soutenue par l’ONU et l’OMS
  • amenée à s’étendre encore dans les villes d’Europe et de Suisse.

Pour mettre la pression sur la ville de Lausanne et le canton de Vaud pour mettre en application cette mesure de nuit comme de jour, signez cette pétition :

https://www.change.org/p/le-30-km-h-g%C3%A9n%C3%A9ralis%C3%A9-pour-des-trajets-%C3%A0-pied-v%C3%A9lo-s%C3%BBrs-et-une-ville-apais%C3%A9e-et-conviviale?source_location=topic_page

Références :

1. Bureau de prévention des accidents (BPA) – Plus de sécurité routière grâce à la limite de 30 km/h
Faits et arguments – 3001 Berne, décembre 2020

2. Fridman, Liraz et al. “Effect of reducing the posted speed limit to 30 km per hour on pedestrian motor vehicle collisions in Toronto, Canada – a quasi experimental, pre-post study.” BMC public health vol. 20,1 56. 10 Feb. 2020, https://doi.org/10.1186/s12889-019-8139-5

3. Khomenko S et al. “Impact of road traffic noise on annoyance and preventable mortality in European cities: A health impact assessment”. Environ Int. 2022 Apr;162:107160. https://doi.org/10.1016/j.envint.2022.107160. Epub 2022 Feb 26. PMID: 35231841.

4. Office fédéral des routes – Bases d’évaluation de l’effet d’une vitesse de 30 km/h sur le bruit – Projet de recherche VSS 2012/214 – Octobre 2018

5. Rossi et al.. « Estimating the Health Benefits Associated with a Speed Limit Reduction to Thirty Kilometres per Hour: A Health Impact Assessment of Noise and Road Traffic Crashes for the Swiss City of Lausanne ». Environment International 145 (décembre 2020): 106126. https://doi.org/10.1016/j.envint.2020.106126.

6. Confédération suisse, Office fédéral des routes – Limitations à 30 km/h sur les routes principales – limites et réalisations – Projet de recherche VSS 2015/004 – Octobre 2019

7. Cerema. Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Administration) Emissions routières des polluants atmosphériques – courbes et facteurs d’influence – Avril 2021 (https://doc.cerema.fr/Default/doc/SYRACUSE/20326/emissions-routieres-des-polluants-atmospheriques-courbes-et-facteurs-d-influence)

8. Baensch-Baltruschat, Beate, Birgit Kocher, Friederike Stock, et Georg Reifferscheid. « Tyre and Road Wear Particles (TRWP) – A Review of Generation, Properties, Emissions, Human Health Risk, Ecotoxicity, and Fate in the Environment ». Science of The Total Environment 733 (septembre 2020): 137823. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2020.137823.

9. Boucher, Julien, Florian Faure, Olivier Pompini, Zara Plummer, Olivier Wieser, et Luiz Felippe de Alencastro. « (Micro) Plastic Fluxes and Stocks in Lake Geneva Basin ». TrAC Trends in Analytical Chemistry 112 (mars 2019): 66‑74. https://doi.org/10.1016/j.trac.2018.11.037.

10. https://www.who.int/news/item/17-05-2021-streets-for-life-campaign-calls-for-30-km-h-urban-streets-to-ensure-safe-healthy-green-and-liveable-cities (consulté le 29.05.2022)

11. https://www.unroadsafetyweek.org/en/home (consulté le 29.05.2022)