Réflexion

Feuille verte n°63

Après la déclaration de l’urgence climatique en été 2019, suite à un postulat de notre collègue Sara Gnoni, la Municipalité de Lausanne a dévoilé son Plan climat tant attendu le 13 janvier 2021. Il sera prochainement débattu au Conseil communal, et le groupe des Vert·e·s va très certainement intervenir très activement dans le débat.

Selon la Municipalité, « l’adoption de ce plan climat constitue une étape essentielle pour préparer la ville de demain et être au rendez-vous avec les générations futures ». Il est vrai que le Plan climat marque une nouvelle étape dans la politique climatique lausannoise et se traduit par une approche plus volontariste, notamment aussi de la part des autres partis politiques. La persévérance des Vert·e·s commence donc à montrer ses effets.

Le Plan climat est plutôt ambitieux tout en étant réaliste. Il se base sur des données scientifiques et fait le bilan quantifié de toutes émissions de gaz à effet de serre directes et indirectes de la ville et de l’administration communale. En focalisant de façon transversale sur les domaines dans lesquels la Ville de Lausanne dispose d’une réelle marge de manœuvre, il désigne des secteurs politiques prioritaires et fixe des objectifs chiffrés de réduction de gaz à effet de serre par secteur, dans des domaines tels que la production d’énergie, les bâtiments, la mobilité, l’urbanisme, la consommation, l’alimentation ou le numérique.

Le Plan climat focalise également sur l’adaptation aux changements climatiques, notamment par une politique d’arborisation conséquente. Il comporte de surcroît un volet social important visant à répartir d’une façon plus équitable les coûts des mesures à mettre en place. Il paraît en effet difficilement contestable que la transition écologique ne pourra pas se réaliser sans la justice sociale.

Une partie plus importante de l’éventail politique que par le passé semble donc être acquise à l’idée d’objectifs concrets et de domaines prioritaires en matière climatique. Le Plan climat est convaincant par son approche transversale, ses domaines d’action, ses objectifs chiffrés et son volet social. Mais il reste de nombreux défis :

  • Premièrement, l’objectif global est trop peu ambitieux. Dans ces intentions, la Municipalité avait annoncé en été 2019 la neutralité carbone en 2030 comme objectif central du Plan climat. Or, la neutralité carbone n’est finalement envisagée que d’ici à 2050 – à l’exception du domaine de la mobilité.
  • Deuxièmement, les mesures climatiques concrètes pour la mise en œuvre n’ont pas encore été décidées ou dévoilées. Les préavis qui concrétiseront le Plan climat dans les différents domaines politiques nécessiteront encore beaucoup de volonté politique et des arbitrages difficiles dans la priorisation des mesures et des ressources.
  • Troisièmement, le budget de la Ville de Lausanne pour l’année 2021 ne prévoit pas d’augmentation budgétaire dans les secteurs stratégiques de la politique climatique. Le Plan des investissements 2021-2024, dont le Conseil communal a pu prendre connaissance récemment, est à revoir complètement, car il ne prévoit strictement aucun investissement conséquent en faveur du climat.

En conclusion, le Plan climat pose donc les bonnes bases pour une politique climatique sérieuse et coordonnée de la Ville. Mais il manque en même temps d’ambition, et de nombreuses questions restent ouvertes. Nous avons vraiment besoin d’une représentation verte plus importante dans toutes les instances de décision, afin que les belles paroles soient véritablement suivies d’actes concrets.