Votation Frontex : Un NON le 15 mai pour exiger la fin de la violence contre les personnes exilées aux frontières externes de l’UE

Le 15 mai prochain nous serons amené·e·s à voter sur l’augmentation de la contribution suisse au budget de Frontex. La votation fait suite à un référendum qui a abouti en janvier dernier, lancé par des groupes de défense des droits des personnes exilées en Suisse, soutenu par les partis de gauche dont les Vert·e·s. Techniquement, nous allons voter sur l’adoption ou non d’un développement de l’acquis de Schengen qui concerne une modification du règlement de l’agence des garde-frontières et garde-côtes de l’Union européenne, communément connue sous le nom de Frontex. Cela peut paraître technique mais en réalité c’est assez simple.

Nous devons décider l’augmentation de la contribution financière de la Suisse au budget de Frontex. Il faut donc d’abord comprendre pourquoi Frontex a besoin de ressources complémentaires. Depuis sa création en 2004, l’agence ne fait que de grossir et s’autonomiser. Son budget commence autour des 5,5 millions en 2005, passe à 92,8 millions en 2010, à 302 millions en 2017 pour enfin passer à plus de 750 millions pour l’année 2022. Ce sont au total 11,3 milliard qui sont prévus pour le budget 2021-2027 ; Frontex est devenue la plus grosse de toute la trentaine d’agences de l’UE en termes budgétaires. En 2016, un changement de règlement lui permet d’acquérir de l’équipement pouvant comprendre des armes et du matériel de surveillance. En 2019, elle se dote de la possibilité de développer un «standing corps», un corps d’intervention propre, constitué de 10’000 agents de terrain, qui s’apparente à une véritable armée servant à la défense des frontières externes de l’UE. L’augmentation de la contribution suisse, de 24 à 61 millions par année, servira avant tout à financer cette expansion des pouvoirs de l’agence.

Alors pourquoi voter NON le 15 mai prochain ? Frontex fait partie de l’appareil sécuritaire de l’UE qui sert à «défendre» la frontière externe de l’Union. Les conséquences de ces politique dites « d’externalisation » de la frontière sont désastreuses pour les personnes exilées: ces personnes subissent des refoulements vers des pays comme la Libye où elles sont détenues de façon arbitraire et elles sont victimes de violence à répétition. Leur seul crime: avoir fui l’insécurité ou vouloir rejoindre un membre de leur famille se trouvant sur le sol européen. Frontex participe à un phénomène important d’érosion du droit d’asile, car la gestion militarisée des frontières externes de l’UE rend toujours plus difficile l’entrée des personnes exilées sur sol européen pour y déposer une demande de protection.

Sur la scène européenne, l’agence est sous le feu des critiques pour son rôle dans ces «push-backs», ces refoulements illégaux de personnes en mer Méditerranée et ailleurs. L’Office européen de lutte antifraude a par ailleurs mené une enquête de plus d’un an sur l’implication de Frontex dans des refoulements illégaux. Le rapport concluant l’enquête aurait trouvé que des fonctionnaires aux plus haut échelons de l’agence, y compris le directeur, Fabrice Leggeri, auraient été au courant des «push-backs» et auraient même tenté de dissimiler des preuves de l’implication de Frontex dans ceux-ci. Des parlementaires européens ont exigé la publication du rapport au plus vite.

Voter NON à l’augmentation du crédit Frontex c’est dire stop à la spirale de violence induite par ces politiques d’externalisation. C’est une opportunité importante pour les citoyen·ne·s suisses de se prononcer sur le développement de la politique migratoire européenne et exiger que ces 61 millions servent à bâtir des voies de fuite sûres et légales plutôt que de continuer à alimenter le mythe que la migration présente une menace sécuritaire.