Le 18 septembre 2021, 15’000 femmes étaient dans la rue à Berne pour marteler leur ras-le-bol face à la mascarade AVS21.

AVS21, c’est 10 milliards d’économie entre 2022 et 2031, que seules les femmes vont devoir assumer, par l’augmentation de l’âge de leur départ à la retraite. Ainsi, bien que les femmes soient encore désavantagées tout au long de leur carrière tout en assumant une part de travail, salarié et non salarié, égale ou même plus grande que celle des hommes, la majorité du Parlement estime que c’est la seule solution pour combler le trou de l’AVS.

Le projet initial du Conseil fédéral compte trois autres mesures :

  • Des mesures compensatoires transitoires pour les femmes

  • La flexibilisation de la retraite entre 62 et 70 ans

  • Le relèvement de la TVA de 0,7 point

Les deux Chambres ont traité ce projet lors des sessions de printemps et d’été 2021. Malgré l’opposition des VERT-E-S et du Parti socialiste, elles ont accepté le relèvement de l’âge de la retraite des femmes. Une divergence subsiste quant au dédommagement qu’elles recevront pour compenser cette décision auprès de celles touchées le plus fortement.

Augmenter l’âge de la retraite des femmes est l’un des trois mythes sur lequel se base cette réforme. Or, l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes ne contribue que très marginalement au financement de l’AVS. En revanche, pour chaque femme touchée, c’est une année de retraite en bonne santé en moins. Et il est piquant de relever que si les différences salariales entre les femmes et les hommes (19% en 2019) étaient comblées, 850 millions de cotisations en plus par an parviendraient à l’AVS, ce qui correspond aux économies prévues avec l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes.

Deuxième mythe : la démographie force à augmenter l’âge de la retraite. Pourtant, tout le monde ne voit pas sa durée de vie s’allonger, et encore moins augmenter son nombre d’années de vie en bonne santé. Les différences de revenus ont en effet une influence sur la santé : les personnes à plus faible revenu ont une santé moins favorable que les personnes à plus haut revenu. Ce sont justement ces bas revenus qui pourront le moins prendre une retraite anticipée, alors que les personnes à haut revenu, qui meurent moins vite, profiteront plus longtemps des prestations de la retraite tout en recevant des retraites plus élevées. Ainsi, l’espérance de vie ne doit pas être un facteur déterminant pour l’âge de la retraite.

Troisième mythe : l’AVS a un problème structurel de financement. L’AVS est au contraire une assurance sociale qui résiste aux épreuves. Alors que des pertes sont systématiquement prédites, il s’avère qu’elle a plus régulièrement obtenu des résultats excédentaires ces dernières années. Le fait que les dépenses annuelles dépassent actuellement la fortune de l’AVS est conjoncturel : c’est l’effet du baby-boom. Toutefois, selon l’Office fédéral des assurances sociales celui-ci n’entraînera des conséquences que jusqu’en 2030-2035.Nous pourrions donc nous contenter de solutions ponctuelles.

Mais s’il est vrai que la situation de l’AVS est insatisfaisante, c’est d’abord parce qu’elle ne respecte pas son obligation constitutionnelle de couvrir les besoins vitaux de manière appropriée. Or, la rente maximum est de CHF 2370.- alors que la moitié des personnes reçoivent CHF 1777.- ou moins. Un·e retraité·e sur dix a donc besoin des prestations complémentaires pour vivre. Nous devons donc rendre l’AVS plus généreuse !

Pour les VERT-E-S cette réforme est donc inique et bien évidemment notre mouvement se battra pour son rejet. Peu importe le modèle compensatoire finalement choisi. Aujourd’hui déjà, les rentes vieillesse sont trop faibles pour beaucoup de gens, en partie à cause de la mauvaise couverture des faibles revenus par le 2e pilier. Il faut donc renforcer et non affaiblir l’AVS, le pilier de la prévoyance vieillesse le plus équitable, le plus sûr et le plus social.

Pour permettre le financement de l’AVS, nous proposons trois solutions. La première consiste à financer l’AVS à partir des gains de la BNS résultant des intérêts négatifs et le relèvement des contributions fédérales. Selon les calculs de Travail.Suisse, cela représenterait 5 milliards de plus par an pour l’AVS et garantit son financement jusqu’en 2039, sans réduire les rentes ou augmenter l’âge de la retraite.

La seconde mesure à mettre en œuvre est de parvenir à l’égalité salariales entre les genres. Cette égalité fournirait des recettes supplémentaires à l’AVS à hauteur de 825 mio. CHF couvrant largement son déficit annuel.

Enfin, il est indispensable d’augmenter le montant des rentes AVS afin de remplir notre obligation constitutionnelle découlant de l’art. 112 al. 2 let. b qui dispose que « les rentes doivent couvrir les besoins vitaux de manière appropriée ». Pour cela, l’initiative AVSX13 propose le versement d’une 13ème rente annuelle.

Léonore Porchet

Conseillère nationale