Le 25 septembre, nous votons sur AVS 21 et une augmentation de la TVA. Les deux projets sont liés et participent à la réforme de nos retraites portées par la majorité de droite de notre Parlement. Une réforme injuste pour les femmes qui en supportent toutes les économies. Une réforme qui fait surtout partie d’un projet plus vaste de démantèlement des mesures de solidarité dans notre système de retraite.  

C’est quoi ces votations sur nos retraites?

Le projet envisagé avec AVS 21 a pour effet d’augmenter le temps de travail et rendre plus difficile l’accès au départ anticipé à la retraite. Il apporte son lot de baisse de prestations et met une grande pression sur les femmes, les bas-salaires et les rentes de couple. Ces mesures d’économie faites exclusivement sur le dos des femmes se font alors que l’AVS se porte bien (8.6 milliards de bénéfice en 2021). Mais surtout, il ne résout en rien les vrais problèmes de l’AVS : ces rentes sont trop basses ce qui entraîne, pour une personne sur 10 et 1 femme sur 6 le recours aux prestations complémentaires. 

Tout au long de leur carrière, les femmes sont discriminées : dans l’ensemble de l’économie, les femmes gagnent, de manière inexpliquée, en moyenne 19% de moins que les hommes, ce qui représente en moyenne 686 francs bruts par mois. Et cela a donc un coût : si elles étaient payées correctement, c’est prêt de 800 millions annuels qui seraient versés en plus à l’AVS!  

L’augmentation de la TVA proposée est une mesure compensatoire qui a pour but de garantir le financement de l’AVS. Il est subséquent à l’acceptation d’AVS 21 et ne rentrera en vigueur que s’il est accepté en votations de même que le projet AVS 21. Il représente une élévation du taux de TVA allant de 0.1% à 0.4%. Très peu, en somme, me direz-vous. Mais la TVA est un impôt socialement injuste qui ne s’applique qu’à la consommation (et non l’épargne) mais surtout qui frappe proportionnellement plus fortement les bas revenus. 

Et la suite?

Le 2ème pilier (la LPP) fait lui aussi l’objet d’une révision depuis quelques mois. Alors que les rentes et les bas-salaires (en particulier les femmes) y sont fortement pénalisés, le Conseil national a voté une réforme qui prévoit de baisser les rentes pour tout le monde, sans système de solidarité pour compenser, même les petites retraites. Le Conseil des Etats a même repoussé la réforme LPP 21, considérant que le projet était trop généreux! Ce débat se fait pourtant dans le cadre d’une proposition de compromis des partenaires sociaux qui permettrait de baisser le taux de conversion sans baisser les rentes. Et évidemment, la promesse qui avait été faite par la majorité de droite du Parlement, d’améliorer les rentes des femmes et bas salaires par le biais de la LPP n’a pas été tenue. 

Dans le 3ème pilier, cette même majorité prévoit d’augmenter les déductions fiscales possibles jusqu’à 15’000 francs. Avec pour conséquence plus de 500 millions de pertes fiscales annuelles alors que seules 10% des personnes qui financent un troisième pilier arrivent à la limite fixée aujourd’hui à 6’883 francs.

Le projet de la majorité de droite est donc clair : favoriser les retraites des plus riches qui pourront d’ailleurs facilement prendre une retraite anticipée en faisant bosser les autres. S’ajoute à ça d’autres cadeaux fiscaux, notamment la suppression de l’impôt anticipé, sur lequel nous votons aussi le 25 septembre, et dont les pertes fiscales estimées dépassent les économies qui seraient réalisées sur le dos des femmes par AVS 21.

AVS 21 est donc une première partie d’un plan plus large, qui vise à diminuer la solidarité dans notre système d’assurance sociale et favoriser la prévoyance privée. Le projet de ce Parlement de droite, c’est prendre aux pauvres pour donner aux riches. Le projet AVS 21 est le premier pas dans cette direction et la population doit donner le signal clair qu’aucune étape de ce projet ne sera acceptée.

Un non vert est important

Si le verrou de l’âge de la retraite des femmes saute, la suite est déjà prévue : augmentation de l’âge de la retraite pour tout le monde à 66 ans puis en fonction de l’espérance de vie.  Alors que les chômeurs et chômeuses autour de 60 ans ont déjà d’immenses problèmes pour retrouver du travail, la majorité actuelle du Parlement parle déjà des futures réformes pour nous faire travailler plus longtemps et démanteler le système solidaire des retraites. 

La moyenne des années de vie en bonne santé en Suisse est de 68 ans, pour les femmes comme pour les hommes, et elle varie fortement en fonction du revenu. C’est ce critère de la qualité de vie à la retraite qui devrait être déterminant pour fixer l’âge de la retraite, pas le moment de la mort. Pour les VERT·E·S, nous devons plutôt baisser le temps de travail de manière générale, car nous avons besoin de temps pour nous occuper de nous-même et de nos proches, mais aussi pour pouvoir mettre en œuvre les transformations indispensables à la transition climatique. Face à la diminution des rentes du deuxième pilier, face aussi à l’augmentation des primes maladies et des loyers, les montants des rentes doivent être revus à la hausse, avec un système solidaire de financement dans la LPP et une 13ème rente AVS. Le financement est là, grâce par exemple à l’argent de la BNS qui attend d’être redistribué. Pour les VERT·E·S, il est clair que la transition écologique ne pourra se faire que de manière sociale : AVS21 va à contre-sens !

Alors le 25 septembre, c’est important, votez 2 X NON!

Léonore Porchet

Conseillère nationale