Gare de Lausanne : les six revendications des partis lausannois
Lettre à l’attention de Monsieur Peter Füglistaler, Directeur de l’Office fédéral des transports (OFT), et Monsieur Vincent Ducrot, Directeur des Chemins de fer fédéraux (CFF).
Par ces lignes, nous faisons suite à l’annonce faite le 16 mars dernier par les Chemins de fer fédéraux (CFF) et l’Office fédéral des transports (OFT) d’un nouveau retard du chantier de la gare de Lausanne.
Alors que le chantier devait être initialement terminé en 2025, les entités mentionnées ci-dessus parlent désormais d’une fin des travaux en 2038, au plus tôt. Piqués au vif, les six partis politiques représentés au Conseil communal de Lausanne s’étaient alors mis d’accord pour parler d’une seule voix lors d’une conférence de presse qui s’était tenue le 20 mars dernier sur la place de la gare. Cette démarche unitaire se voulait une réaction d’incompréhension et de colère face cette nouvelle catastrophique pour la mobilité ferroviaire de toute la Suisse romande.
Un peu plus de trois mois plus tard, la colère n’est pas retombée. Les partis politiques lausannois soussignés, par l’intermédiaire de leur présidence de groupe ou de parti, s’adressent à vous en formulant six demandes concrètes qui pourraient permettre d’atténuer les très nombreuses complications auxquelles les Lausannoises et Lausannois ainsi que les personnes qui visitent notre ville, pour des raisons professionnelles ou pour les loisirs, vont devoir faire face.
Gare souterraine
Avec treize ans de retard sur le calendrier initial, il existe un risque sérieux de voir la gare de Lausanne être déjà obsolète lorsque les travaux seront enfin terminés. Dans le contexte d’une démographie suisse et vaudoise en croissance soutenue, il est nécessaire d’anticiper. En 2010 déjà, les CFF ont publié une stratégie de développement intitulée « Plan cadre Lausanne 2010 » prévoyant notamment un nouveau tronçon à double voie entre Renens et Lausanne débouchant dans une gare souterraine creusée dans la colline de Montbenon, suivie d’une ligne à double voie en direction de Fribourg et Berne ainsi qu’une bifurcation vers Vevey. Eu égard aux besoins à venir en matière de mobilité, la réalisation d’une future gare souterraine à Lausanne ne saurait être repoussée aux calendes grecques du fait des retards dans la rénovation de la gare actuelle. Nous demandons donc que la gare souterraine soit d’ores et déjà étudiée et intégrée aux planifications.
Riverains, locataires et petits commerçants
Nous appelons les CFF et l’Office fédéral des transports à assumer leurs responsabilités en prenant des mesures financières pour atténuer les conséquences graves de leurs erreurs, et à dédommager les riverains, locataires et petits commerçants qui, en l’absence d’échéances claires et de perspectives sur la fin des travaux, vivent dans l’incertitude et voient leur qualité de vie se détériorer. La suspension des travaux a accentué les nuisances, touchant la vie du quartier et la mobilité. Ils méritent des réponses concrètes, des engagements et une juste indemnisation pour les préjudices subis. Les répercussions économiques sont également évidentes, notamment pour les petits commerces, les bars et les restaurants, qui pourraient enregistrer d’importantes pertes.
Lignes de bus
Si le retard du chantier de la gare de Lausanne devait repousser la mise en service du métro M3, de nouvelles lignes de bus sont à prévoir pour desservir le nouveau quartier des Plaines-du-Loup. Ces lignes de bus sont essentielles pour permettre aux habitants de se rendre efficacement au centre-ville, respectivement de retourner à leur domicile, aux commerçants pour garantir une fréquentation optimale de leur commerce et aux visiteurs, notamment des stades du Nord de la ville, d’éviter de circuler en véhicule motorisé pour se rendre à un match. Nous demandons ainsi que le coût généré par la mise en service de ces lignes de bus soit entièrement supporté par les CFF et l’OFT.
Cadences, horaires et aménagement de mobilité
La future gare de Lausanne doit être aussi pensée comme le point central de la mobilité de l’agglomération, qui est elle-même un pôle crucial de la mobilité romande. Nous demandons donc des cadences constantes et des horaires assurés, notamment pour ce qui est de la liaison avec la Suisse alémanique et l’atteinte rapide des horaires prévus par Rail 2000. De plus, avec l’évolution des infrastructures lausannoises de transports publics (M1, M2, M3, LEB) et le manque d’espace général à la gare même feront que l’on devra définitivement réinventer la mobilité publique à Lausanne. Rappelons que la 3ème gare de Suisse romande en termes de volume de passagers est la gare de Lausanne-Flon. Or, le temps avance et les solutions alternatives pour relier la gare au Flon peinent à arriver. Nous ne pouvons pas attendre la gare de 2050 pour penser à des solutions efficaces comme une galerie piétonne entre Lausanne-CFF et Lausanne Flon.
Offres préférentielles
Comme mentionné ci-dessus, la croissance démographique devrait s’intensifier durant les prochaines années sur l’arc lémanique, et le réseau ferroviaire romand est presque déjà saturé pour ce qui relève du nombre de convois pouvant y circuler. Cela va rendre la vie des Lausannoises et des Lausannois très compliquée lorsqu’il s’agira de fréquenter la gare, notamment pour ce qui est du confort, voire des cadences ou des horaires. Nousdemandons donc que les CFF et subsidiairement l’OFT fassent un geste financier significatif à l’adresse des Lausannoises et des Lausannois ainsi que des pendulaires passant par Lausanne (tarif préférentiel sur les abonnements généraux, les abonnements demi-tarif, les abonnements de parcours, offres de cartes journalières, etc.
Aménagements provisoires
La place de la Gare et les rues attenantes sont par définition des lieux de passage. Pendant des mois, ces espaces ont été bloqués par des palissades de chantier particulièrement disgracieuses derrière lesquelles il ne se passait rien. Suite aux pressions de la Ville de Lausanne, elles ont été pour la plupart enlevées, faisant place à des aménagements et des événements ayant redonné vie à la place de la Gare (patinoire, BDFIL, pétanque, spectacles, etc.). Ces aménagements importants en faveur des habitant-e-s et des usager-e-s ayant entraîné des coûts pour la Ville, nous demandons ainsi que ceux-ci soient entièrement supportés par les CFF et l’OFT.
Comme élues et élus locaux, nous savons notre marge de manœuvre ténue, notamment pour ce qui est de nos compétences. Nous avons néanmoins la conviction d’être les actrices et acteurs politiques les mieux placés pour entendre la colère populaire exprimée suite à l’annonce de ce retard inadmissible. Cette conviction est la même pour ce qui est de savoir concrètement ce qui doit être fait afin d’améliorer une situation plus que désagréable pour nos concitoyennes et concitoyens, comme pour nos visiteurs. Enfin, nous souhaitons aussi soutenir l’attractivité du rail dans toute la Suisse romande au travers d’un dimensionnement adéquat de la gare de Lausanne, son principal nœud ferroviaire, et un accompagnement efficace du long chantier qui l’attend.
Copie de la présente est adressée aux CFF, au Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, au Conseil d’Etat vaudois et à la Municipalité de Lausanne.
Dans l’attente de votre réponse et restant à votre entière disposition pour tout renseignement complémentaire, nous vous adressons, Messieurs, nos salutations distinguées.