Quand on rêve au « monde de demain », c’est souvent un paysage idyllique qui nous vient un tête : un enfant qui déambule à trottinette, des rues vivantes, des trottoirs bordés d’arbres et de bancs animés, un monde où tout le monde peut facilement aller où il veut comme il le souhaite.

Cette utopie, les Vert·e·s en ont fait un projet politique. Un objectif qui est réaliste à notre sens, même s’il comporte sa part d’idéalisme dont nous avons tous besoin pour avancer. Même. Dans les faits, une bonne partie des changements nécessaires auraient déjà pu être mis en œuvre.

Le problème, c’est que les forces et la réalité politique adéquates sont encore, elles, en retard. Au Parlement vaudois par exemple, aucun projet de mobilité douce d’envergure ne peut passer sans une part de compromis en faveur des voitures et de la mobilité individuelle. Chaque projet d’aménagement, chaque minuscule bande jaune au bord de la route, chaque centimètre de plus sur un trottoir, fait l’objet de longues négociations, souvent vaines face au lobby de la voiture. Bref, ce qui pourrait passer pour un acquis en 2022, ce qui fonctionne bien dans d’autres pays ou même d’autres cantons, n’a pas encore fait son bout de chemin: que les priorités de la population vaudoise et que ses façons de se déplacer sont en train d’évoluer n’a pas encore été compris d’une bonne partie de la classe politique.

Pourtant, il y a eu des avancés durant cette législature : la pérennisation des « pistes cyclables COVID », un budget de 50 millions de francs pour développer les transports publics sur des petites lignes, la réalisation du M3 qui devrait bientôt passer la rampe et, évidemment, une stratégie vélo, qui attend toutefois le verdict du Grand Conseil. 

Le Canton de Vaud reste avec un déficit en termes d’infrastructures de mobilité durable. Comparativement à nos amis alémaniques, le développement de lignes de transports publics modernes ou la généralisation du 30km/h restent à un stade embryonnaires. Des cantons comme Berne ou Bâle ont réussi à développer non seulement des infrastructures intéressantes mais à reconsidérer l’utilisation de la voiture. Car finalement, c’est peut là que le bat blesse. Les politiques publiques ont investi dans nos infrastructures durant des décennies en donnant une place première à la voiture. Ces habitudes, cette conception d’une route dimensionnée pour les véhicules automobiles, sont par trop ancrées dans les conceptions des collectivités locales et cantonales. Tant que c’est le cas et que la mobilité douce ne sera considérée que comme une alternative marginale ou de loisir, nous ne pourrons pas décrocher de véritables politiques de report modal.

Sauf que pendant ce temps, la mobilité reste un émetteur de gaz à effet de serre majeur. 40% des émissions suisses sont dû aux transports. Et nous n’avons pas encore fait les efforts suffisants pour espérer respecter à temps les accords de Paris. 

Le 20 mars prochain, les Vaudoises et Vaudois élisent non seulement un Conseil d’Etat, mais aussi un Grand Conseil. Votez tous et toutes pour construire une vision de la mobilité qui soit celle de l’avenir et du XXIe siècle.

Alice Genoud

Alice Genoud

Députée et candidate au Grand Conseil

Députée, coordinatrice Association transports et environnement (ATE) et assistante parlementaire, géographe, membre bureau Vert·e·s vaudois·es, cycliste en descente et piétonne en montée