Motion présentée le 28 mars 2019 au Conseil communal de Vevey

Monsieur le Président, madame la syndique, messieurs les municipaux, chères et chers collègues,
Le réchauffement climatique est désormais une réalité incontestée, qui affecte et affectera toujours davantage notre quotidien, si rien n’est fait pour l’endiguer. La responsabilité humaine dans ce réchauffement, mise en exergue notamment par les excellents travaux scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC), n’est plus à prouver et seule une action décidée et concertée à tous les niveaux institutionnels et de la société civile permettra d’éviter le pire.
Les pays industrialisés, dont la Suisse fait partie, ont une responsabilité particulière dans ce réchauffement, vu qu’ils émettent des gaz à effet de serre de façon industrielle depuis des décennies, et qu’ils ont grandement contribué à l’accroissement de la concentration de CO2 dans l’atmosphère. C’est donc ici et maintenant qu’il faut agir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ! Fort de ces constats, la société civile s’agite, des marches pour le climat et des grèves estudiantines mobilisent des centaines de milliers de personnes dans le monde entier et sont largement soutenues.
La Suisse a souscrit les accords de Paris sur le climat, et s’est engagée à réduire de moitié ses émissions d’ici à 2030, par rapport à celles de 1990. Cet objectif, loin d’être ambitieux au vu des enjeux et des risques que le réchauffement fait encourir à notre qualité de vie, ne pourra être atteint que si nous tirons toutes et tous à la même corde.
Le canton de Vaud a décidé de faire sa part, en mettant en route l’élaboration d’un plan climat. Le canton de Genève s’en est déjà doté. Bâle a déclaré l’état d’urgence climatique. Les communes ont également leur rôle à jouer dans cette nécessaire transition vers une société « zéro carbone », et la loi vaudoise sur l’énergie, à son article 10 alinéa 2, nous rappelle d’ailleurs que Canton et communes doivent « (…) mett(re) en œuvre des démarches adéquates pour contribuer à la diminution des émissions de CO2 et autres émissions nocives. »
En Suisse, des conséquences du réchauffement climatique sur la santé sont à prévoir. Tant en ce qui concerne le risque face aux canicules que face aux nouveaux vecteurs de maladie, l’information des citoyens est lacunaire. Il y a également une grande lacune concernant les aménagements urbains spécifiques ; en particulier les mesures visant à diminuer le phénomène d’îlot de chaleur dans les villes qui doivent être réalisées dès à présent. Celles-ci concernent en particulier les possibilités de végétalisation et reverdissement urbain, et donc la préservation des espaces verts en ville et du patrimoine arboré, ainsi que les modes et matériaux de construction des infrastructures et des bâtiments. Au sujet du reverdissement urbain, une gestion durable des parcs et jardins est primordiale ainsi que l’anticipation des nouvelles normes climatiques à venir par la plantation d’espèces résistantes à l’augmentation de la chaleur et de la sécheresse (il faut compter 20 ans au minimum pour obtenir une couverture boisée assez haute pour offrir un abri bioclimatique).
L’engagement de Vevey pour l’environnement n’est plus à prouver, cependant les mesures déjà prises ne permettrons pas un changement suffisamment rapide en regard des effets du réchauffement climatique déjà effectifs aujourd’hui. Appuyons-nous sur le travail déjà effectué par la commission de l’énergie et la commission Développement Durable, inspirons-nous d’autres plan climats déjà rédigés, imaginons et mettons aujourd’hui en œuvre les mesures qui nous protégerons demain.
Nous pourrions, par exemple, passer au « tout local » et issus de culture biologique obligatoire en ce qui concerne les repas servis par la ville et institutions liées, encourager la création de réseaux de petits producteurs locaux en agroécologie permettant de préserver les sols et la biodiversité, améliorer l’offre de transports publics en collaboration avec les communes voisines, créer des lieux qui permettent aux citoyens d’apprendre à récupérer, réparer, consommer et créer de manière autonome et écologique ou encore exiger de nos caisses de pensions qu’elles désinvestissent des énergies fossiles, la liste des possibles est longue. Ces mesures en plus de leur effet bénéfiques sur l’environnement influenceront aussi positivement et à court terme plusieurs aspects de la ville au niveau de la santé publique notamment. Le plan climat du canton de Genève cite comme conséquence positives des mesures proposées : « une amélioration de la santé et de la qualité de vie de la population; une réduction des coûts liés à la santé; une amélioration de la qualité de l’air; une réduction de la dépendance du canton aux énergies fossiles; une meilleure maîtrise des dépenses énergétiques; une augmentation de la souveraineté alimentaire; une décongestion des voies de circulation; la création d’emplois non délocalisables ». Pourquoi attendre le coup de la panne alors que nous pourrions embrasser notre avenir ?!
Forts de ces constats, nous demandons à la Municipalité par le biais de cette motion de :
Mettre en place un « plan climat communal » établissant des objectifs chiffrés en matière de réduction des émissions de CO 2 et de la préservation de la biodiversité sur le territoire de la commune, ainsi que les moyens pour y parvenir. Ce plan présentera également des mesures d’adaptation pour anticiper et gérer les effets du dérèglement climatique. Ceci en s’appuyant sur un travail conjoint du délégué à l’énergie, du délégué à l’agenda 21 et des commissions de l’énergie et du Développement Durable.
Colin Wahli