En bref…

Les Vert.e.s agissent pour une politique d’aménagement du territoire éco-responsable et sociale. Pour ce faire, nous souhaitons : 

  • Intégrer dans tous nouveaux plans d’aménagement du territoire une politique écologique et sociale (gestion des déchets, énergies renouvelables, lieux de rassemblement citoyens arborisés et accessibles à tous, lutte contre les îlots de chaleur, zones piétonnes, pistes cyclables, jardins communautaires, favoriser les commerces de proximité et d’artisanat, etc.)
  • Etablir un bilan clair et précis des besoins et des ressources dans les nouveaux projets en pensant aux interactions entre sites (recyclage de l’énergie industriel par exemple)
  • Réaménager de manière active les anciens quartiers vers une transition écologique et sociale (assainissements des vieux bâtiments, dé-bétonner afin d’offrir des cadres de verdure, reboiser, toits végétalisés, etc).
  • Protéger notre biodiversité et oeuvrer pour la protection de nos forêts et des animaux

Plus de détails : www.verts.ch

Caisse à outils pour soutenir les communes dans la transition énergétique 

Intervention de Béatrice Mettraux

La réduction à la fois de notre consommation d’énergie et de notre dépendance à l’égard des énergies fossiles ne peut se réaliser sans des changements importants dans l’organisation des communes et des quartiers. Pour réaliser la transition énergétique, il est donc nécessaire de reconnaître l’interdépendance entre énergie et aménagement du territoire. Car de la même manière que l’on planifie un quartier, ses écoles, sa mobilité, ses activités commerciales, il est également essentiel de planifier, le plus en amont possible, sa consommation d’énergie et de révéler les richesses énergétiques qu’il recèle.

Le quartier, la commune, l’agglomération sont des périmètres qui offrent d’excellentes perspectives sur les plans énergétiques et climatiques. Car le territoire est une échelle judicieuse pour faire émerger des synergies et exploiter les complémentarités entre habitats et activités, entre ressources et besoins. Ce sont ces potentiels que l’outil de « planification énergétique territoriale » entend mettre en évidence et évaluer. Inscrit dans la loi vaudoise sur l’énergie depuis 2014, cet instrument demeure cependant partiellement facultatif pour le Canton et les communes et est loin de garantir une planification coordonnée et efficace.

En réponse à un postulat du député Vert Jean-Yves Pidoux, le Conseil d’État propose de réviser cette loi afin d’y clarifier rôle, compétences et obligations des acteurs en charge de ces plans d’actions énergétiques territoriaux (Canton et communes). Cette révision souhaite rendre obligatoire l’élaboration de ces planifications dans le cadre notamment de plans d’affectation ou de plans directeurs intercommunaux. Planifier l’énergie devient une véritable tâche de politique publique. Et afin de soutenir les communes dans leurs démarches, le Canton continuera à subventionner les études de planification (état des lieux de la consommation d’énergie et de son évolution prévisible, évaluation du potentiel d’énergies renouvelables locales, définition des objectifs et mesures, etc.).

Avec la clarification de ses dispositions, la «planification énergétique territoriale» se transforme en une véritable caisse à outils aux mains des collectivités publiques pour affronter un des enjeux majeurs de notre 21e siècle : la lutte contre le réchauffement climatique et la transition énergétique pour y faire face. Cette caisse à outils invite, voire oblige dans certains cas, canton et communes à se pencher sur les richesses (trop souvent insoupçonnées) d’un quartier, d’un territoire : ainsi des synergies peuvent voir le jour afin de permettre une utilisation rationnelle de l’énergie et favoriser le recours aux énergies renouvelables et locales (géothermie, solaire, bois-énergie, biogaz, etc.). Des rejets de chaleur industriels peuvent chauffer un immeuble d’habitation, une orientation adéquate des toits et façades recevoir des capteurs solaires thermiques ou photovoltaïques, les déchets verts de l’agglomération produire du biogaz, la fraîcheur de l’eau du lac climatiser un hôtel en été, ou encore la construction de conduites d’attente sur un bâtiment permettra, dans le futur, d’y greffer un réseau local d’électricité. Tant de projets prometteurs et innovants !

De cette façon, c’est la société dans son ensemble qui est gagnante. Car recourir aux énergies renouvelables locales améliore non seulement la qualité de l’air (et donc la qualité de vie) mais contribue aussi au développement économique de la région par la création locale de plus-value et d’emplois.

Béatrice Métraux, octobre 2020

Coopératives de logement: un habitat durable pour tout le monde

 

Alors que la période des Fêtes nous invite à nous rassembler que ce soit avec notre famille, nos proches, nos amies et amis, voire de parfaits inconnus, c’est aussi un rappel à l’importance de la communauté et du lien. Le vivre ensemble, le célébrer ensemble, en présence des uns et des autres, est une denrée rare à l’heure des réseaux sociaux et d’une tendance au repli sur soi.

Or, s’il y a bien une forme de mode de vie qui invite à la coopération avec les autres, ses voisins et voisines, à l’innovation économique, écologique et solidaire, c’est bien les coopératives d’habitants.

Ainsi, avec le Conseil d’Etat, j’ai travaillé à la mise en place d’une politique de soutien aux coopératives de logements. Ce dispositif a été présenté au mois de novembre 2019 et entrera en vigueur en janvier 2020. C’est une des belles réussites du département que je dirige. Elle répond à la fois au programme des Vert·e·s et au programme de législature du Conseil d’Etat.

L’objectif de cette politique publique est de promouvoir l’habitat durable, accessible à toutes et à tous en favorisant la mixité sociale et les liens entre les générations.

Plus particulièrement, il s’agit de donner un coup de pouce aux petites coopératives d’habitation à caractère participatif et innovant, notamment dans les districts en pénurie de logements vacants à prix abordable.

Cette politique s’articule autour de trois axes: l’accès facilité aux terrains, des possibilités de financement élargies, un accompagnement lors du développement des projets.

Lutte contre les effets néfastes de la pénurie

Avant de détailler les mesures décidées, il n’est pas inutile de rappeler quelques éléments historiques.

Depuis 1997, le taux de logements vacants a chuté dans le canton de Vaud. Au tournant du siècle, la pénurie s’y installe.

Pour faire face à cette situation, à partir de 2006, des mesures étatiques ont permis de créer dans le canton plus de 10’000 logements subventionnés (dont 48% par des coopératives d’habitation), près de 1’200 logements protégés et plus de 350 logements pour étudiants (dont 12% par des coopératives).

Malgré ces avancés encourageantes, et même si l’on constate une légère détente ces derniers temps, les familles de la classe moyenne, les jeunes et les personnes âgées ont toujours de la peine à se loger dans des conditions acceptables. C’était d’ailleurs tout le sens de la LPPPL, cette loi adoptée par le peuple vaudois en 2017 permettant de maintenir la substance locative déjà existante sur le marché et de favoriser la création d’une nouvelle catégorie de logements d’utilité publique, les logements à loyer abordables.

Ce plan pour soutenir les coopératives s’inscrit dans la continuité de cette politique cantonale du logement et vient en étendre les possibilités d’action.

Essor des coopératives

Depuis une dizaine d’années, les coopératives d’habitation connaissent un réel engouement. Entre 2005 et 2015, 41 nouvelles coopératives ont vu le jour dans le canton de Vaud, soit une augmentation de 29%.

Toutefois, elles ne détiennent que 4,4% du parc locatif. Pour comparaison, le canton de Zurich se situe à 12,5%, alors que Genève pointe à 1,9%.

Non seulement ces coopératives offrent en général des loyers d’environ 19% inférieurs à la moyenne du marché locatif mais deviennent également le creuset d’innovations et de démarches participatives dans le secteur de l’immobilier. La mixité, la solidarité, l’échange entre habitants, la responsabilité sociale et environnementale, et l’autogestion font de plus en plus souvent partie de leur ADN.

En raison de cette évolution, ce terreau nous a paru fertile. C’est la raison pour laquelle, le Conseil d’Etat a pris le parti de stimuler leur développement.

Des mesures concrètes

La mise en œuvre de la politique de soutien aux coopératives passe par la Société vaudoise pour le logement (SVL). Dans ce contexte, elle peut dès maintenant assumer le rôle de plateforme de soutien et d’appui technique pour les coopératives et procéder à l’acquisition et au portage des terrains intéressants pour de tels développements.

Au niveau du financement, aujourd’hui, l’Etat cautionne uniquement la construction de logements à loyer modéré (LLM) bénéficiant d’une aide à la pierre : art. 13 al. 1 loi sur le logement (LL)

Dès janvier 2020, les coopératives innovantes et participatives, en apportant en fonds propres au minimum 12% du coût de l’opération immobilière, pourront également bénéficier d’un cautionnement de l’Etat pour réaliser des logements à loyer abordable. Par ailleurs, le droit de préemption, que les communes pourront utiliser dès le 1er janvier 2020, s’appliquera aussi pour des coopératives. Ainsi, lorsqu’un terrain est mis à la vente dans un district soumis à pénurie, une commune pourrait acheter ce terrain en priorité puis le mettre en droit de superficie (DDP) auprès d’une coopérative.

Les coopératives qui entendent intégrer ce dispositif sont appelées à respecter quelques conditions et valeurs énumérées dans une nouvelle Charte vaudoise pour la promotion des logements coopératifs.

Elles devront adhérer à des pratiques écologiques, favoriser l’entraide et le soutien intergénérationnel ainsi qu’engager des démarches et des initiatives participatives.

Ces mesures, je l’espère, sauront dynamiser les coopératives dans le canton et contribuer à leur manière à la transition écologique et énergétique que les Vert·e·s réclament avec insistance et raison depuis si longtemps.

Béatrice Métraux, décembre 2019