Postulat

Nous le
savons tous, la prolifération des déchets sur Terre constitue une
menace pour la santé de la population et pour l’environnement. La
Banque Mondiale assure que si aucune mesure n’est prise urgemment, le
volume des déchets va s’accroître de 70% d’ici à 2050. Elle
s’inquiète particulièrement de la mauvaise gestion du plastique
qui a un impact négatif sur les écosystèmes.

La
production de plastique a atteint presque 400 millions de tonnes,
soit en moyenne plus de 50 kilos pour chaque habitant de la planète.
Pour le WWF, cette production de plastique pourrait augmenter encore
de 40% et par là même d’ici une dizaine d’années faire doubler
les quantités présentes dans les océans, si nos habitudes de
consommation ne se modifient pas drastiquement.

Des
millions de tonnes de plastique sont annuellement déversés dans les
océans, entraînant non seulement des conséquences désastreuses
sur la faune et la flore marines, mais portant également une
atteinte indirecte à notre santé. En effet, ces déchets se
décomposent en infimes particules de micro plastiques qui finissent
par se retrouver dans la chaîne alimentaire. Des scientifiques ont
trouvé des fibres de plastique, des fragments et des microbilles
dans les poissons de mer et d’eau douce, capturés dans la nature et
dans les élevages.

Ce ne
sont pas moins de 114 espèces qui ont été identifiées comme
contenant du plastique dans leur estomac et la moitié d’entre elles
font partie de notre alimentation. Ces micro-plastiques se
transforment en nano plastiques de taille inférieure à
100 milliardièmes de mètres et ces particules
pénètrent dans les tissus et les organes humains, présentant ainsi
une toxicité potentielle avec des conséquences graves dues à la
bioaccumulation dans notre système santé.

Depuis
le 27 mars dernier, le Parlement européen a accepté à une vaste
majorité (571 voix Pour –53 voix Contre et 34 abstentions)
l’interdiction dès le 1er
janvier 2021, d’une dizaine de produits représentant 70% des
déchets retrouvés dans les océans et cours d’eau soit :
bâtonnets
de ballons gonflables, bâtonnets de coton-tige, couverts jetables,
pailles, touillettes en plastique
,
etc.

Alors qu’une étude
commandée par l’Association pour la sauvegarde du Léman révèle
qu’environ 50 tonnes de plastiques sont rejetées chaque année
dans le lac Léman,
la
ville de Genève prévoit d’interdire toute une série d’objets
en plastique à usage unique pour
les activités qu’elle autorise sur son domaine public. D’autres
communes (Grand-Saconnex, Versoix, Meyrin, etc.) ont également mis
en place des initiatives en vue de réduire ou d’interdire
l’utilisation du plastique voire à abandonner les objets à usage
unique.

Les prises de conscience récentes prouvent que la société est prête à̀ se passer de ces divers produits. Il semble essentiel que l’État de Vaud montre l’exemple en mettant à son tour un ensemble de mesures visant à bannir l’usage du plastique à usage unique dans l’administration cantonale.

Dès lors, le présent postulat demande au Conseil d’État d’étudier l’opportunité de mettre en œuvre une interdiction du plastique à usage unique (coton-tige, couverts (verres, assiettes, bols, fourchettes, couteaux et cuillères), pailles, agitateurs de boissons (touillettes), bâtonnets pour ballons (ainsi que leur dispositif de fixation), produits contenant des plastiques oxodégradables, emballages en polystyrène expansé et autres objets. L’opportunité de soumettre à cette même mesure les organismes subventionnés par l’État, ainsi que toutes les manifestations qu’il organise, subventionne ou autorise devra également être étudiée. Les potentielles exemptions, notamment pour les EMS et les établissements hospitaliers où certains de ces objets sont utilisés pour raisons médicales devront être prises en compte dans la réflexion. Dans tous les cas, des alternatives moins polluantes devraient être néanmoins trouvées.

Enfin, le postulat demande également qu’une réflexion pour la mise en œuvre d’une interdiction globale de ces objets sur l’ensemble du territoire vaudois soit menée.

Nathalie Jaccard