Interpellation

Avant la pause de l’été 2023, le Grand Conseil a traité de l’EMPD 22_LEG_247 accordant un crédit-cadre de 4 ans de CHF 50’000’000.- , visant à renforcer le soutien de l’État aux infrastructures touristiques au sens de l’article 24, al. 2 LADE. Plusieurs intervenant.e.s ont relevé dans le cadre du débat que cet appui au développement économique ne traite que des conséquences du réchauffement climatique, à savoir la diminution du manteau neigeux, mais en aucun cas du fond de l’affaire, à savoir l’empreinte carbone du secteur du tourisme. Or une récente étude indique que si nous parvenons à limiter le réchauffement planétaire à 2°C, 50% des stations pourraient continuer à bénéficier d’un certain enneigement permettant des activités d’hiver, mais que si le réchauffement atteint 4°C, 98% des stations devraient se priver d’activités liées à la neige et donc complètement modifier leur modèle économique. [1][2]

Le secteur du tourisme a donc un intérêt immédiat à limiter son empreinte carbone. Or, différentes études l’ont montré, 50 à 70% de l’impact carbone du ski est lié à la mobilité. Dans notre pays, si on assiste effectivement à un report modal dans le cadre des déplacements professionnels, trop peu de changements sont constatés dans le cadre de la mobilité de loisirs. Si le Canton, la Confédération et les Communes soutiennent les transports publics permettant d’accéder aux stations, notamment les trains et les cars postaux, une fois arrivé en haut on reste souvent bien limité sans véhicule individuel motorisé. Certes, des bus-navettes se développent lentement dans certaines stations, mais il n’y a que très peu d’infrastructures d’autopartage de véhicules automobiles ou de vélo électriques. On ne parle pas ici de VTT électriques permettant de gravir les sommets mais de vélos permettant par exemple de faire ses courses.

Dans d’autres cantons, certaines communes favorisent l’accès aux stations de montagne en transports publics, par exemple par l’envoi en avance de ses bagages en train et car postal. A ma connaissance rien de tel n’existe sur le canton de Vaud. Pourtant, ce type d’offres répondrait à une demande croissante d’individus et de familles qui souhaitent venir à la montagne sans voiture. De plus, de telles infrastructures permettent également de développer les Communes de montagnes en tant que lieu de vie et de résidence permanente, ce qui contribue également à renforcer leur vitalité.

Il y a trois ans, un postulat sur ce même thème avait été déposé par M. le député Julien Eggenberger et consorts (20_POS_215). Le débat à cette époque s’était beaucoup focalisé sur le ski, et le Grand conseil avait refusé de prendre ce texte en considération. Néanmoins, en trois ans, on voit que les perceptions évoluent, notamment sur le tourisme quatre saisons. Il me semble donc opportun de remettre ce sujet sur le tapis.

Ainsi, j’ai l’honneur d’interpeller le Conseil d’Etat pour les questions suivantes :

  • Des projets spécifiques visant à favoriser le report modal dans les stations touristiques ont-ils été soutenus précédemment dans le cadre de la LADE ?
  • Des projets spécifiques visant à favoriser le report modal dans les stations touristiques seront-ils soutenus dans le cadre du nouveau crédit-cadre voté en juin 2023 ?
  • Le Conseil d’Etat prévoit-il d’autres mesures incitatives pour favoriser l’accessibilité et les déplacements sans voiture individuelle dans les stations vaudoises d’altitude?
     

[1]https://www.letemps.ch/sciences/environnement/le-rechauffement-climatique-un-immense-defi-pour-le-ski-en-europe

[2] François, H., Samacoïts, R., Bird, D.N. et al. Climate change exacerbates snow-water-energy challenges for European ski tourism. Nat. Clim. Chang. (2023). https://doi.org/10.1038/s41558-023-01759-5