Crise imminente pour les médias publics suisses : nouveau centre de production en péril, initiative à 200 francs et contre-projet à 300 francs – Comment éviter le désastre ?

Interpellation

Sur le plan médiatique en Suisse, deux développements majeurs sont à l’ordre du jour. D’une part, le Conseil fédéral a rejeté récemment l’initiative populaire fédérale « 200 francs, ça suffit ! » visant à drastiquement réduire la contribution financière à la SSR (Société suisse de radiodiffusion et télévision). En lieu et place, le Conseil fédéral propose de réduire le montant de la redevance radio-tv à 300 francs par an, soulignant ainsi la nécessité de soulager la charge financière des ménages.

D’autre part, la SSR annonce l’ouverture en 2025 de son nouveau centre de production lausannois sur le campus de l’EPFL et de l’UNIL. Ce centre regroupera des activités radio-TV-digitales, dont les rédactions de l’Actualité et du Téléjournal. Cette décision s’inscrit dans un processus de convergence médiatique initié il y a dix ans avec la création de la RTS (Radiotélévision Suisse). Malgré ces projets de développement, l’ombre plane sur les moyens de la SSR en raison de l’initiative « 200 francs, ça suffit ! » qui, si elle était adoptée, entraînerait une réduction de 50% du budget actuel de la SSR, équivalant à une perte de 800 millions de francs.

Cette situation soulève des questions cruciales quant aux implications futures pour la SSR et ses employé.e.s, ainsi que pour la diversité et la qualité de l’offre médiatique en Suisse romande. Alors que la SSR investit dans de nouvelles infrastructures, les enjeux financiers et les débats politiques autour de son financement pourraient potentiellement affecter le développement du nouveau centre de production à Ecublens et d’autres activités médiatiques dans la région.

Au-delà des chiffres, ces propositions de réduction budgétaire soulèvent des préoccupations majeures quant aux impacts sur les prestations qui tiennent à cœur à la population. La réduction ou suppression de contenus culturels, sociaux, et éducatifs, des versements en faveur des droits d’auteurs, ainsi que des mandats qui font rayonner la Suisse à l’étranger (tel que TV5 monde) sont envisagés. L’inclusion et l’accès aux programmes pour les personnes en situation de handicap sensoriel, tout comme l’engagement dans le cinéma, pourraient également être compromises. La création de productions ambitieuses comme la série « Jeunesse » nécessitant des moyens conséquents et dont aujourd’hui seule la RTS dispose des ressources nécessaires pour diffuser ce type de contenu.

Face à ces développements, des interrogations pertinentes peuvent être formulées à l’adresse du Conseil d’État :

  • Quelles conséquences économiques sont envisagées dans le canton de Vaud en cas de réduction du budget de la SSR, notamment pour le nouveau centre de production à Ecublens ?
  • Comment le Conseil d’État compte-t-il défendre les intérêts du canton de Vaud dans le débat sur l’initiative « 200 francs, ça suffit ! » ?
  • Quelle position le Conseil d’État adoptera-t-il par rapport au contre-projet du Conseil fédéral proposant une réduction de la redevance à 300 francs ?
  • Comment garantir la pérennité des emplois et la production médiatique diversifiée dans la région en cas de réduction drastique du financement de la SSR ?
  • La valeur non monétaire liée à l’information, à la cohésion sociale, au partage culturel, et d’autres aspects, perdus en cas de réduction des financements pour les médias publics, peut-elle être mise en relation avec le montant de la redevance ?
  • En fonction de la perte estimée, l’État peut-il envisager d’assumer une part de la redevance ?

Ces questions visent à éclairer les enjeux locaux et nationaux tout en encourageant une discussion approfondie sur l’avenir des médias en Suisse. Je remercie d’avance le Conseil d’État pour ses réponses.