Il est heureux que l’Etat mette désormais en libre accès les relevés scientifiques concernant les rivières du canton sur le site de veille hydrologique www.vhv-qualite.ch. Les données permettent des comparaisons utiles sur la qualité des cours d’eau.

L’un des indicateurs intéressants, nommé IBCH, s’établit sur la base des organismes vivants présents dans la rivière. Il considère plusieurs éléments et traduit un état de santé du cours d’eau. L’IBCH rend compte de la présence ou de l’absence de la petite faune qui vit au fond de l’eau. Les spécialistes l’estiment pertinent pour classer les rivières selon leur propreté.

Plusieurs ruisseaux de la Côte figurent parmi les plus sales mais la Venoge l’emporte en termes de pollution. Tant dans la première partie de son cours que sur le tracé proche de son embouchure, le fleuve chanté par Gilles détient la plus mauvaise santé du canton.

Les Vaudoises et Vaudois ont pourtant exigé une protection particulière, en approuvant l’initiative Sauver la Venoge il y a 34 ans. La constitution puis la loi garantit cette protection depuis trois décennies. Aujourd’hui encore, la loi sur la protection du patrimoine naturel et paysager (art. 31) précise que « Les cours d’eau, les rives et les abords de la Venoge sont protégés. » Le plan d’affectation cantonal (PAC) et les dispositions accessoires ont notamment pour objectif de « a. assurer l’assainissement des eaux ; b. maintenir et restaurer les milieux naturels favorables à la flore et la faune… ».

La spécialiste interrogée explique la piètre qualité de l’eau par sa localisation dans un bassin versant industriel. En 1990 déjà, les initiant-e-s (dont j’étais) et les ami-e-s de la Venoge mettaient en garde contre des épurations lacunaires et des industries proches. S’il faut relever de beaux efforts de renaturation – au Bois de Vaux par exemple – et des eaux mieux épurées ponctuellement, les tuyaux et autres rejets polluants continuent de péjorer l’écosystème de la rivière.

Nous posons dès lors les questions suivantes au Conseil d’Etat :

  • La Venoge compte-t-elle bien en moyenne le plus faible indicateur du canton pour la petite faune vivant dans son cours, plus de trente ans après la sauvegarde constitutionnelle ?
  • Quand tous les rejets polluants seront-ils identifiés et assainis ?
  • L’épuration des eaux du bassin versant n’est-elle pas systématique ?
  • Si non, quand l’assainissement sera-t-il achevé sur l’ensemble du cours d’eau ?
  • Quel est le calendrier de réalisation du PAC Venoge ?
  • Comment expliquer que la rivière protégée par la loi depuis les années 90 soit encore la plus sale du canton ?