Après les dimanches sans voitures de 1956 et 1973 destinés à réfléchir à la place de la mobilité individuelle motorisée dans notre société et aux alternatives possibles pour répondre aux impératifs de mobilité, et alors que la nouvelle dépendance moderne semble plutôt reliée à nos ordinateurs, tablettes et autres smartphones, il semble important d’agir, une fois encore, de manière forte et visible, pour provoquer une réflexion à ce sujet. C’est dans ce sens que les Vert∙e∙s déposent aujourd’hui au Parlement vaudois, par la plume du député Raphaël Mahaim, un postulat demandant d’introduire 4 journées sans emails dans l’administration cantonale.

Car si la communication numérique a amené de nombreux progrès, son développement soulève désormais de nouveaux défis gigantesques sans précédents similaires.

D’un point de vue environnemental, si Internet était un pays, il serait le 3ème plus gros émetteur de gaz à effet de serre après les USA et la Chine . Pour les emails spécifiquement, on estime aujourd’hui leur nombre quotidien à quelque 300 milliards sur la planète entière. Or, selon la taille et les pièces jointes, l’envoi d’un e-mail peut consommer jusqu’à 50g de CO₂, en raison des machines nécessaires à son transport sur des milliers de kilomètres et à son stockage. Pour une personne recevant 100 mails par jour, cela représente environ 1,5 kg de CO₂ émis.

Du point de vue de l’humain-e qui recourt à cette communication électronique, la barrière entre vie privée et vie professionnelle devient de plus en plus ténue, ce qui engendre un stress permanent et une pression à la non-déconnexion avec notamment, pour conséquences, un épuisement et des problèmes de concentration croissants.

Dans sa réponse à l’interpellation Nathalie Jaccard et consorts (19_INT_307), le Conseil d’Etat expose les mesures de sensibilisation et de formation qu’il a déjà prises quant à la gestion des emails dans le cadre de la modernisation du parc informatique de l’Etat de Vaud. Il y annonce également son intention de traiter de cette question dans sa stratégie d’éducation numérique.

Il faut toutefois des mesures fortes et visibles pour amener le plus grand nombre de travailleuses et de travailleurs à prendre conscience des enjeux relatifs à la déconnexion et à la sobriété numérique. Et l’Etat doit, en cela, jouer un rôle d’exemplarité. C’est pourquoi les Vert∙e∙s demandent l’introduction de 4 journées sans emails au sein de l’administration cantonale, services d’urgence ou services minimaux à la population réservés. Ces journées pourront, par exemple, être mises à profit pour organiser des campagnes de sensibilisation à large échelle ou favoriser d’autres modes de communication et d’interactions (séminaires hors murs, formation continue, séances d’équipes sans “interférences numériques”, sans écrans, etc.).