Finances cantonales

Le déficit de 369 millions inscrit aux comptes 2024 du Canton de Vaud n’a rien d’une surprise. Il résulte d’une stratégie fiscale déséquilibrée, menée à contretemps, alors que les besoins de la population augmentent. Face à cette impasse budgétaire, des coupes massives se profilent. Les Vert·e·s et Jeunes Vert·exs refusent cette logique d’austérité qui impacterait fortement les politiques climatiques et rappellent la nécessité de rejeter l’initiative des milieux patronaux pour une baisse linéaire de 12 % des impôts, tout en ouvrant le débat sur l’assouplissement du frein à l’endettement.

Les comptes 2024 du Canton de Vaud sont dans le rouge vif. Le déficit de 369 millions est en partie dû aux crises successives (inflation, charges liées, non-versement des bénéfices BNS) et à la croissance de la population. Mais il est surtout la conséquence des cadeaux fiscaux du «plan ambitieux pour le pouvoir d’achat» du Conseil d’État et de la pression de l’initiative des milieux patronaux.

Une stratégie fiscale qui ignore l’état des finances publiques

Ce déficit est à comparer aux mesures fiscales déjà mises en place en 2024 pour un coût de 173 millions, dont 105 millions liés à la baisse de l’impôt sur le revenu, qui bénéficie principalement aux contribuables aisés. Les mesures supplémentaires déployées dès 2025 représentent un coût annuel d’environ 152 millions supplémentaires, également à l’avantage d’une minorité.

A l’inverse de ce que prône le Conseil d’Etat, il est illusoire de poursuivre ce programme de baisses fiscales avec un déficit de près de 370 millions.

Kilian Duggan: «Dès le départ, il était évident que dans un contexte aussi tendu – avec une augmentation conjoncturelle des charges (guerre en Ukraine, inflation) combinée à une hausse structurelle des besoins – il était irresponsable de lancer un programme de baisses fiscales tout en maintenant les prestations. Malgré les nombreuses affirmations du Conseil d’État et de la droite, les faits les contredisent clairement aujourd’hui.»

L’Initiative 12% est une attaque frontale contre les prestations

Pour les Vert·e·s et Jeunes Vert·exs, maintenir des recettes fiscales solides est une condition indispensable à la résolution de cette crise financière. Or l’initiative des milieux patronaux pour une baisse linéaire de 12 % des impôts propose exactement l’inverse. Si elle est acceptée, il faut s’attendre à un gouffre financier encore plus profond. La situation est déjà alarmante, mais elle deviendrait intenable en cas d’acceptation de cette initiative, dont le coût dépasse de plus de 200 millions celui du contre-projet.

Soutenir cette initiative, c’est donc clairement soutenir des coupes massives dans les prestations essentielles à la population. Faut-il sacrifier l’accès à des soins de qualité, une école fonctionnelle, des politiques climatiques ambitieuses, des services publics accessibles à toutes et tous, au profit d’une minorité de personnes aisées qui seront les seules à réellement profiter des baisses d’impôts ? Les Vert·e·s et Jeunes Vert·exs refusent cette logique et appellent tous les partis responsables à une mobilisation sans ambiguïté contre cette initiative dangereuse.

Non à l’austérité, oui à un État solidaire et durable

Les Vert·e·s et Jeunes Vert·exs prennent acte des mesures d’assainissement prévues pour 2025, mais craignent surtout fortement des réductions importantes dans les prestations, déjà en 2025 mais surtout pour l’année 2026, où  le Conseil d’Etat prévoit des mesures d’économie à hauteur de 400 millions. Comme aucune politique publique n’est exclue par le Conseil d’Etat à ce stade, il est clair aujourd’hui que des arbitrages difficiles devront être faits.

Théophile Schenker: «Nous combattrons les mesures d’économie qui viseraient particulièrement la protection de la biodiversité et les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous refusons que le climat et notre qualité de vie soient utilisés comme variables d’ajustement budgétaire. La crise climatique s’aggrave chaque année, indépendamment des finances vaudoises. Ces enjeux exigent des investissements importants, qu’il serait dangereux de repousser – et bien plus coûteux à terme.»

Il est temps de faire des choix clairs. Avec une dette au plus bas, les Vert·e·s et Jeunes Vert·exs appellent à examiner l’opportunité d’assouplir le frein à l’endettement constitutionnel pour maintenir les investissements essentiels et préserver la capacité d’action de l’Etat.