Alors que la Suisse est le premier pays au monde à avoir interdit l’élevage en batterie il y a de cela plus de 30 ans, il est toujours possible d’importer des produits fabriqués à partir d’œufs de poules détenues selon cette pratique cruelle, à moindre coût. Dans le même sens, bien qu’il ne soit fort heureusement pas permis en Suisse de détruire des forêts pour créer de nouvelles terres agricoles, on importe chaque année des tonnes de céréales produites en vertu de cette technique, à un prix bien en deçà des coûts de production suisses.
Ces deux situations ne sont que des exemples : il est encore possible de citer de nombreux domaines, tels que les pesticides ou l’impact social de la production.

En 2018, l’initiative des Vert·e·s “Pour des denrées alimentaires saines et produites dans des conditions équitables et écologiques” proposait notamment d’imposer la même réglementation aux denrées importées qu’à celles produites en Suisse. Rejetée par le peuple – mais acceptée par les Vaudois·es à près de 64% – elle avait été combattue notamment par le PLR, l’UDC et Economiesuisse, qui considéraient que ceci créerait un “monstre bureaucratique”. Pourtant, c’est en grande partie de la concurrence avec les produits étrangers dont souffrent aujourd’hui les acteurs du monde agricole. Conjuguée avec la pression imposée par les grands distributeurs, les conditions de travail du monde paysan ne sont plus soutenables.

Par la voix du député Alberto Mocchi, les Vert·e·s demandent donc au Conseil d’Etat de faire valoir son droit d’initiative auprès des chambres fédérales pour que celles-ci modifient la législation fédérale de manière à interdire l’importation de denrées alimentaires ne répondant pas aux réglementations qui seraient requises pour leur production en Suisse.

Au Conseil national, les Vert·e·s s’engagent aussi pour une meilleure réglementation et transparence sur les denrées importées, notamment par le biais d’un contrôle des aliments importés contenant des résidus de produits phytosanitaires interdits en Suisse (motion 20.3835 Badertscher acceptée par les deux chambres). La conseillère nationale Verte Sophie Michaud Gigon s’est engagée pour un étiquetage sur les modes de production, et des actions sur les marges des distributeurs, en défendant la création d’un observatoire des marges le long des filières agroalimentaires (objet prochainement en commission du Conseil des États).

Martine Gerber, députée, paysanne et éleveuse : “Le manque de considération, la perte d’indépendance, la perte de sens du travail sont manifestes et légitimes, mais ne sont pas l’apanage du seul monde paysan. Toutefois, l’agriculture est LE domaine autour duquel tous les autres domaines de la société s’articulent. Changer l’agriculture, c’est changer le monde.”