Environnement : tirer le loup et après?
Nous sommes en été 2027, le loup ne fait plus la Une des journaux, ne provoque plus de discussions aussi enflammées, ne monopolise plus les ordres du jour du Grand Conseil, les menaces de mort de toutes parts se sont tues, les mesures de protection portent leurs fruits, aucun mouton sanguinolent n’a été exposé sur la place du Château. Bref, nous avons réussi à emprunter la ligne de crête fragile et dynamique pour permettre la cohabitation entre grands prédateurs et économie alpestre. Nous connaissons mieux le comportement des loups, les techniques de protection, de surveillance pour limiter les prédations, nous continuons à réguler des loups aussi, ceux qui ont un comportement particulièrement problématique et pas pour atteindre des quotas chiffrés sans aucune assise scientifique.
Certes, nous, les Vert·e·s, souhaiterions que les équilibres naturels se remettent à fonctionner sans l’intervention de l’humain, que le loup se nourrisse uniquement de sangliers, de cerfs, de chevreuils et non d’ovins ou de jeunes bovins.
Réguler une meute, tirer de jeunes loups n’a jamais été, pour moi, une décision facile à prendre, mais je le concède avec pour objectif ce futur apaisé. Je le fais aussi car mon Département déploie des efforts conséquents pour mieux comprendre le loup sur notre territoire complexe, ainsi que l’impact des mesures de régulation sur les prédations et la structuration des meutes. C’est un travail constant qui demande une vigilance permanente de la part de tous les partenaires. Il appuie aussi toutes les initiatives permettant un renforcement des mesures de protection des troupeaux et du soutien aux éleveurs et aux bergers.
La meute du Mont-Tendre, que le Canton vient de décider de réguler, est problématique à plusieurs titres: responsable de plus de trois quart des attaques de cette année, elle s’est aussi approchée d’habitations. Alors que les meutes du Marchairuz, du Risoud, du Suchet et de Haute-Valserine se sont faites plus discrètes et semblent avoir changé de régime alimentaire pour se concentrer sur la faune sauvage. Sans vouloir nécessairement rentrer dans une logique du grand méchant loup et des gentils loups, force est de constater que les loups ne sont pas une réalité homogène.
Le loup s’est donc durablement installé dans notre canton, avec ou sans meute du Mont-Tendre, et c’est une nouvelle réalité avec laquelle nous devons apprendre à vivre. En tant qu’écologiste, elle me réjouit. Elle nécessite cependant une approche pragmatique et fondée sur des constats établis, que permet le triptyque de la gestion du loup: protection, régulation, connaissance.
Bref, nous sommes en été 2027. Le loup continue à arpenter les bois et les crêtes de notre canton, les débats et conflits d’usage se sont apaisés, les efforts à entreprendre en matière de biodiversité passionnent le Grand Conseil, des arbres ont peut-être même poussé sur la place du Château.
Ps : Pour en savoir plus sur le Plan d’action Loup 2024: https://www.vd.ch/fileadmin/user_upload/themes/environnement/biodiversite/fichiers_pdf/Grands_carnivores/PALoup_2024.pdf
Pss : Si vous préférez un échange de vive voix aux plans d’action, je reste à disposition bien sûr! La porte du Château est ouverte.