C’est
avec plaisir que j’ouvre la série de nos récits fédéraux après
notre intensive campagne et nos beaux résultats électoraux. Parler
de sa première session a forcément une dimension plus personnelle
que de rapporter sur les votes d’une session ordinaire. Je me
permets donc cette fois-ci de ne pas me concentrer sur l’ordre du
jour mais de vous confier comment je vis ma première session de la
législature alors que débute cette 3ème
semaine.

Pour
tous les nouveaux parlementaires, les contingences sont d’abord
pratiques, humaines et logistiques. Tester les hôtels, avoir assez
d’habits classes avec soi, trimballer ses bagages entre la maison,
le boulot et le Parlement. Puis trouver sa place dans ce désormais
grand groupe parlementaire vert et dans cette ruche, où travaillent
250 parlementaires et le même nombre de médias, fonctionnaires de
l’administration, lobbyistes, etc. Et enfin, recevoir avec
gratitude l’accès tant attendu à son e-mail, le wifi,
l’imprimante et l’outil interne de travail.

Le
premier vote suivant notre assermentation du 2 décembre a conduit à
l’acceptation de la motion visant à encadrer la présence des
lobbyistes au Palais. Les anciens semblaient surpris de ce résultat.
Peu après les élections, le lobbying est un sujet qui a beaucoup
intéressé les médias : quels sont les groupes d’intérêts
qui vous contactent, où êtes-vous invités, etc. J’ai débattu
d’ailleurs des lobbys et du financement des partis dans Classe
politique
lundi
soir. Heureusement que le petit déjeuner à
7h du mat’ avec les autorités du canton de Vaud a eu lieu la
semaine passée parce que je commence à sentir la fatigue. Les
journées à Berne sont interminables. Après deux jours, j’avais
déjà le sentiment d’être là depuis une semaine.

C’est connu, mais encore plus patent quand on le vit de l’intérieur, peu de gens écoutent les interventions, mais tout le monde en revanche prend son travail de rapporteur de commission ou porte-parole de groupe à cœur. Chaque catégorie de débat a ses règles (temps de parole, nombre d’intervention) et les rapporteurs germanophones et francophones vont de pair et se suivent. La Commission de l’Economie et des Redevances m’a été attribuée par mon groupe. Je suis contente de ce choix, flattée aussi. C’est une commission très active et je serai la seule Romande verte à y siéger. Je me suis donc rendu compte en observant les débats du travail colossal qui m’attend si je dois, en tant que francophone de la délégation, intervenir sur chaque dossier! Ces fameuses interventions que personne n’écoute mais qui nourrissent le bulletin en ligne et servent de base à l’avancement du travail législatif et à la compréhension du ping-pong entre les Chambres.

Cette
session aura entre autres vu passer un budget excédentaire, dépenser
des milliards pour des avions de combat, bloquer l’accession d’une
Verte au Conseil fédéral, perdre de peu un vote lié à la
biodiversité – et de beaucoup de nombreux autres objets. Mais nous
avons aussi ouvert la voie à la possibilité pour les villes de
mettre sur pied des projets-pilotes pour le cannabis. Cela m’a
rappelé avec plaisir notre long travail interpartis au Conseil
communal de Lausanne sur la thématique. Petit clin d’œil.

Pour terminer, j’ai déposé la semaine passée ma première motion, exigeant une information obligatoire et visible sur le degré de réparabilité de certains appareils afin que les consommateurs et consommatrices puissent faire un choix durable en magasin ou sur la toile. Cette semaine, je dépose encore une motion sur les investissements durables préparée par un petit groupe et deux interpellations, une dans le domaine des biobanques et l’autre de la facturation hospitalière, découlant les deux de témoignages recueillis par la FRC. D’ailleurs là aussi, une nouvelle organisation doit se mettre en place. Pour la session de mars, ce sera fait. Vous verrez, je ne parlerai ensuite plus que d’objets parlementaires et des interventions vertes à leur sujet.

Sophie Michaud Gigon